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D'Algérie - Djezaïr
Mouvement de réconciliation

Proposer une devise

"Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Albert Camus// "La vérité jaillira de l'apparente injustice." Albert Camus - la peste// "J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'intarissable espérance." Jacques Berque// « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot 'barbare'. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du 'Tamazirt', la langue, et d''Amazir', ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l'homme libre ? » Kateb Yacine// "le français est notre butin de guerre" Kateb Yacine.// "Primum non nocere" (d'abord ne pas nuire) Serment d'Hippocrate// " Rerum cognoscere causas" (heureux celui qui peut pénétrer le fond des choses) Virgile.// "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus.

D'Algérie-Djezaïr

Le MOUVEMENT D’Algérie-Djezaïr vient d’être officialisé par plus d’une centaine de membres fondateurs résidant dans le monde entier, ce 22 juin 2008 à Saint Denis (Paris - France). Il est ouvert à toutes celles et ceux qui voudront le rejoindre, natifs d'Algérie, et leurs descendants.

ORGANISATION

Elle est démocratique, c'est-à-dire horizontale, sans centralisme, et sans direction. Les décisions essentielles doivent être conformes à l’esprit du Texte Fondateur. Elles sont prises après larges consultations, où tous les membres donnent leurs opinions. Les règles internes sont arrêtées par les "adhérents". Pas de cotisations. Les groupes et le Mouvement trouvent les moyens de faire aboutir leurs actions.

C'est tout chaud comme réaction à notre texte "nationalité"

André Rossfelder

André Roosfelder a été un des trés nombreux destinataires de notre texte nationalité nous valant de nombreuses réponses dont on peut dire qu'elles sont majoritairement positives et qu'elles représentent, dans tous les cas, le parfait panel de sentiments auxquels nous nous attendions en abordant un tel sujet.

André Rossfelder est un des découvreurs du pétrole algérien. Pieds-Noirs natifs d'Alger, il a participé au sein de l'Armée D'Afrique à la libération de la France.
Ecrivain de renom, ses deux premiers ouvrages furent des succés: "les Hommes Frontières" en 1949, "Fin de chantier" en 1952.
Chez Gallimard, en 2000, paraissait son dernier ouvrage, biographique "Le Onzième Commandement" dont je vous recommande la lecture.
Trés engagé auprés de Albert Camus dont il était un intime, il participa en 1956 à l'organisation de l'Appel à la trêve civile que notre prix Nobel lança, malheureusement sans succés avec toutes les conséquences dramatiques qui suivirent, au Cercle du Progrés à Alger.

En réponse à notre texte, il nous propose la lecture de sa dernière longue réflexion, parue dans Véritas d'octobre 2008, ce qui ne vaut en rien un soutien quelconque à notre démarche, mais qui éclaire un des points de vue important, également à être pris en compte car il est le reflet - et le contre point d'autres réflexions reçues - de la complexité et de la diversité des sentiments vécus par les uns et par les autres en ce qui concerne le drame de cette guerre fratricide ayant amené à l'affrontement, à l'arrachement.
Puisse notre travail, notre démarche, participer à réconcilier...
Bonne lecture de ce, conséquent, qui suit.
Eric Wagner

 

André ROSSFELDER

 

SANS MEMOIRE, SANS HONNEUR, SANS ECHINE…

Paru dans VERITAS, Octobre 2008

 

On trouvait autrefois à l’entrée de Boufarik en arrivant d’Alger le Mur des Colons, un mémorial emblématique pour saluer nos ancêtres défricheurs qui avaient su transformer au prix de milliers de tombes des paludes et des steppes en terres fertiles. Au centre d’Alger, le Monument aux Morts avec ses marbres aux longues listes de morts pour la patrie était un autre témoignage des services rendus par les nôtres à la France. Le Mur des Colons a été détruit et son dernier maire, mon ami d’enfance Francis Peyronnet, a disparu au moment de l’Abandon, enlevé par le FLN. Le Monument aux Morts d’Alger devant lequel j’ai passé mes années de lycéen, trop solide pour être détruit, dort dans un sépulcre de ciment, mais partout ailleurs dans les autres villes et villages, hors d’une douzaine sauvés à temps vers la métropole, les amers du souvenir français ont été rasés.

Que Paris autorise la jeunesse de France à simplement savoir n’était vraiment pas grand-chose à demander. Apres 43 ans, l’Assemblée Nationale avait finalement tenté de répondre à cette attente avec l’Art.4 de la Loi du 23 février 2005 souhaitant «que les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place à laquelle ils ont droit ». Tollé général au centre et à gauche. Cette recommandation outrancière et particulièrement insultante pour le gouvernement algérien allait à l’encontre de la Liberté de l’Enseignement et du Sens de l’Histoire. Pétition nationale. Chirac s’inclinait et demandait au Conseil Constitutionnel de déclasser cet article, ce qui fut fait le 31 janvier 2006.

 

1. NOUS AVIONS POURTANT, NOUS-AUSSI, BIEN MERITE DE LA PATRIE.

 

En septembre de cette même année 2006, le film Indigènes réveillait vaguement l’article défunt en rappelant à la France ce qu’elle ne voulait pas connaître et avait à peine noté en son temps: le rôle de l’Armée d’Afrique dans sa libération.

Tirailleurs, goumiers, tabors, ces soldats musulmans étaient nos compagnons d’armes et tous ceux qui ont vécu ces pages de la guerre sous les généraux Juin ou de Lattre peuvent témoigner de leur vaillance (conquête du Garigliano, défense de Strasbourg) et de leur loyauté (aucun exemple durant toutes ces campagnes que l’un de leurs officiers et sous-officiers européens ait été tué d’une balle dans le dos). Les chiffres de la participation des troupes musulmanes d’Afrique Française du Nord (dite « AFN ») aux campagnes de 43-45 attestent  de leur importance:

·    134 000 Algériens, 73 000 Marocains et 26 000 Tunisiens, soit 233 000 hommes, dont les 2/3 étaient des engagés volontaires. Ce total représentait 1.6% de la population musulmane de 14 700 000 pour les 3 territoires (3.2% de la population male). 

·    Les pertes de ces régiments « indigènes» d’AFN ont été de l’ordre de 25 000 morts et 40 000 blessés, dont environ 17 000 morts et 26 000 blesses pour les tirailleurs algériens, chiffres qui comprennent leur cadres européens avec une moyenne de 1 officier (Européen) et 1 sous-officier (généralement Européen) pour 10 hommes de troupe.

Malheureusement les auteurs d’Indigènes ont été plus soucieux d’offrir une allégorie de la « relation coloniale » qu’une illustration de notre ancienne fraternité d’armes. Tous les poncifs de la Nouvelle Histoire sont là. Ces troupes coloniales qui chantent  C’est nous les Africains et viennent servir la France comme une patrie aimée et admirée sont utilisées par leurs généraux, Juin en tête, comme chair à canon ; ils subissent ségrégation et discrimination de la part de leurs officiers et du système militaire et leur courage n’est payé ni du même avancement et ni des mêmes honneurs que leurs camarades européens. Ils ne sont même pas citoyens de 2ème classe, mais en fait de 3ème classe car il y a déjà parmi eux un citoyen de 2ème classe : leur chef immédiat, un sergent pied-noir de père espagnol et de mère arabe que les Vrais-Français ne reconnaissent pas tout à fait comme un des leurs. C’est tout pour les Pieds Noirs.

Huit mois après l’arrachement de l’Art.4 le grand succès de ce film amenait un réveil mémoriel des combattants « Africains » de la 2ème Guerre Mondiale, mais il le faisait en rehaussant le rôle des soldats arabo-berbères et en oubliant pour autant leurs camarades européens qui, dans une immense majorité, avaient chanté avant eux C’est nous les Africains. Sous cette lourde brosse, les combattants Français d’Algérie déjà oubliés aux centenaires de la prise de Rome, du débarquement de Provence, de la libération de l’Alsace et des combats du Rhin au Danube, et finalement rejetés avec le déclassement de l’Art.4, se trouvaient enfoncés un peu plus dans la fosse de l’oubli.

Pour comparer les chiffres, voici ceux pour les Français d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie) pour la guerre de  43-45:

·  27 classes mobilisées (19 à 45 ans) après le 8 novembre 1942.

·  259 000 mobilisables, 176 000 incorporés, plus 10 000 volontaires féminines, plus environ 7 000 des nôtres ayant rejoint la France Libre avant ou immédiatement après le 8/11/42, soit près de 16.5% de la population sous les drapeaux (33% de la population male) pour les trois territoires, dont les 9/10ème venaient d’Algérie, ce qui représente un pourcentage dix fois supérieur à celui des « indigènes » des mêmes territoires et même bien supérieur à celui de la Métropole en 1914-18.

·   Les pertes de ces Français d’AFN en Tunisie, Italie, France et Allemagne ont été de 19 500 morts (et non 10 000 comme certains l’ont écrit) et de 32 000 blessés (j’en étais).  Pour le seul Corps Expéditionnaire Français en Italie en sept mois les pertes (Français et Musulmans) ont été de 6 400 tués, 4 200 disparus et 20 900 blessés, dont plus du tiers de Pieds-Noirs, inclus dans les chiffres précédents. Aspirants et sergents pieds-noirs des régiments dits « coloniaux » ont payé le prix le plus lourd.

Ajoutons quelques chiffres…

A coté de ceux d’AFN qui en formait le groupe le plus important, les Français de l’Armée de Libération comprenaient 5 à 8 000 officiers et sous-officiers de l’Armée de l’Armistice originaires de la Métropole, 15 à 20 000 « évadés de France » et  8 000 dits « Français Libres » venant de l’étranger ou des territoires d’outre-mer, Afrique Equatoriale, Antilles, Polynésie, Nlle Calédonie, etc., (« Français Libres » auxquels se sont ajoutés 7 000 venus d’Algérie ayant notamment rejoint la 2ème DB du Général Leclerc et la 1ère Division Française Libre). Notez l’extrême minorité des «gaullistes d’origine» parmi les Libérateurs.

Tristement, le nombre de Français métropolitains tombés à la Libération a compté bien plus de fusillés, lynchés et disparus « politiques » (133 000) que de fusillés par l’Occupant (30 000), de Français morts dans la Wehrmacht (27 000) ou de FFI morts au combats (24 440). Mais que ces chiffres n’altèrent en rien, bien au contraire, la valeur des résistants authentiques tels que Georges Bidault, président des deux Comités National de la Resistance, ou qu’Yves Godard, Hélie de Saint Marc et Roger Degueldre, qui se sont retrouvés plus tard dans les combats d’Indochine et d’Algérie et dans le dernier carré de l’Empire.

Pour revenir aux pertes Pieds-Noirs de 43-45, imaginez la Métropole mettant en ligne à la Libération 7 millions d’hommes et comptant 700 000 tués et disparus et 1 200 000 blessés. En fait, à lire l’Histoire de la Première Armée Française du général De Lattre de Tassigny, on découvre que le nombre des « amalgamés » de la Libération, 135 000, (ceux que nous appelions « les volontaires du butin ») est de très loin inférieur au nombre des seuls Français d’Algérie sous les drapeaux à cette époque. En outre, leurs pertes furent insignifiantes car ils n’arrivèrent en ligne qu’ à la fin de la bataille.

A la fin de 1944 quand au bout de leurs longues campagnes les « Africains » continuaient de combattre malgré leur épuisement dans les neiges mordantes et meurtrières d’Alsace, De Lattre envoyait le 16 décembre à De Gaulle un rapport où il lui expliquait le besoin de les renforcer et de les relever : « … D’un bout à l’autre de la hiérarchie, et particulièrement chez les officiers même de haut grade, l’impression générale est que la nation les ignore et les abandonne. Certains vont même jusqu'à s’imaginer que l’armée régulière venue d’outremer est sacrifiée de propos délibéré... La cause profonde de ce malaise réside dans la non-participation apparente du pays à la guerre... Le combattant venu d’Italie ou d’Afrique du Nord voit ses camarades tomber autour de lui sans que jamais un Français de France vienne combler les vides causes par la bataille… ». De Lattre demandait 8 000 à 10 000 jeunes Français pour l’immédiat. De Gaulle répondait aussitôt en les lui promettant et en ajoutant : « Vous êtes comme toutes les armées alliées dans un moment difficile. Vous vous en sortirez à votre gloire ». Il savait que la promesse ne pouvait être tenue. Pour les Français de France, la guerre qui avait commencé le 6 juin 44 avec le débarquement allié en Normandie s’était terminée 80 jours plus tard avec la libération de Paris. Ils n’étaient ni prêts ni disposés à en remettre. D’ailleurs, le jour même où De Gaulle répondait à De Lattre la grande contre offensive allemande de Von Rundstedt crevait partout les avant-lignes alliées. Les « Africains » avaient à continuer le combat tels qu’ils étaient.

On peut comprendre pourquoi les « indigènes » ont ressenti une certaine amertume à leur premier contact avec la Métropole qu’ils libéraient. Cette amertume, nous l’avions partagée car pour beaucoup de Pieds-Noirs, c’était aussi un premier contact. Mais quel cinéaste songerait à mettre en scène un film sur le parcours épique de combat des Français d’Algérie de l’automne 42 au printemps 45? Leur histoire est devenue contre-Histoire. C’est pourtant largement grâce à eux que la France détient toujours son carré d’as dans les jeux de poker internationaux : son siège permanent et son véto au conseil de sécurité de l’ONU.

 

2. IL Y A CINQUANTE ANS, L’ALGERIE QUI AURAIT PU ETRE.

 

Une dame que je ne connais pas m’a écrit : « Je suis née en Algérie que j’ai quittée avant les évènements, ma ville comptait alors 40 000 habitants, européens et arabes. Elle en compte aujourd’hui 500 000 tous arabes. Le pays comptait 10 millions d’habitants, ils sont maintenant 35 millions sans compter les autres millions vivant en France, qui, pour beaucoup, ne nous aiment pas. Comment aurions-nous pu garder l’Algérie française ? »

Si elle avait écrit : « Comment aurions-nous pu garder française l’Algérie » et si elle avait vécu là-bas l’année 1958, la conversation aurait pu se poursuivre. Mais que savait-elle? Même en France, le public n’a pas su ce que nous avons vraiment vécu à cette époque.

Mai 1958. L’Algérie était saturée de terreur. Une terreur qui n’était pas simplement la menace d’un barrage funeste sur une route à midi ou l’irruption brutale d’assassins dans la nuit, mais avec elle l’horreur que vous fait ressentir les images des victimes, l’égorgement, l’émasculation, la défiguration, l’éventration, le bucher, la torture imaginative et finale, les membres sanglants dispersés par une grenade, l’épouse aux seins coupés, l’enfant violée. La terreur vous laisse encore dans votre univers ; l’horreur vous transporte dans un monde inconnu. L’Algérie s’est révoltée pour vomir cette horreur et avec elle ses porteurs du mal. Les pieds-noirs d’Alger sont descendus vers le Forum. Ils ont envahi l’immeuble du Gouvernement General. L’Armée et ses chefs se sont joints à eux. Puis les musulmans. Ceux de la Casbah d’abord. Ceux des faubourgs ensuite et bientôt de tous les villages de l’intérieur, puis ceux des montagnes descendant vers les villages et des villages vers les villes. Tous se voulaient français. Européens, kabyles et arabes manifestaient en commun. Des journées historiques, (« hystériques » dit la presse parisienne qui ne voulait pas y croire).    

Entre les chefs de l’armée et ceux des manifestants, un accord un peu grinçant s’est fait pour imposer à Paris le rappel au pouvoir de De Gaulle. Son avenir politique paraissait s’être perdu depuis longtemps derrière lui, mais on se souvenait encore comment, dix ans plus tôt, il était venu au Stade de Saint-Eugene tenir aux Pieds-Noirs le langage du patriotisme et de la pérennité française. Et puis, il n’y avait pas de défenseurs plus ardents de l’Algérie française que ses deux lieutenants Michel Debré et Jacques Soustelle. Ce dernier qui avait été récemment gouverneur de l’Algérie et champion de la lutte contre le FLN nous avait répété ce message avec une émotion sincére. Il était le meilleur de ses garants. Va donc pour De Gaulle. L’Assemblée Nationale l’a rappelé et il est venu nous dire qu’il nous comprenait, que nous étions dix millions de Français à part entière et que l’Algérie était organiquement française aujourd’hui et pour toujours. C’était l’exaltation d’un immense espoir, l’avènement d’un nouveau pays. En novembre, les départements français d’Algérie envoyaient à l’Assemblée nationale 71 députes dont 46 musulmans. Le bachaga Boualam était élu vice-président de l’Assemblée. Dans les mois qui ont suivi, l’Algérie est allée de l’avant sur une avenue à trois voies : le nettoyage des derniers éléments rebelles, la formation des nouvelles élites du Parti de la France, et la mise en route planifiée d’une économie nourrie par sa nouvelle fortune pétrolière. Après l’espoir, le succès était là, visible.     

Ainsi en 1958 et 59,  pour plusieurs mois, j’ai vu comme beaucoup flotter l’image d’une Algérie possible…  

Quarante ans s’écoulent. Nous sommes à l’aube du nouveau millenium. Les femmes algériennes se sont dévoilées depuis longtemps ; elles ont rejeté leur état de servitude ; deux enfants qui pourront devenir ingénieur, médecin, juriste ou enseignant et seront leur fierté leur suffisent. L’Algérie a vingt millions d’habitants, arabes, berbères et européens. Après une période de convalescence au sortir des années de terreur, elle a gardé pour un temps son statut égalitaire de départements français, puis elle s’est détachée vers une fédération franco-algérienne en maintenant sa culture particulière, ses pieds-noirs et la protection de ses minorités et de la liberté de religion. L’armée algérienne avec sa formation et son armement français a étouffé toute tentative de subversion islamo-fasciste. On circule à l’intérieur du pays avec le même sens de sécurité qu’autrefois. Les pétroles ont nourri l’épanouissement industriel. L’Europe a découvert les immenses beautés de la côte algérienne et des deux l’Atlas. Le revenue per capita s’achemine vers celui des pays européens et l’Algérie est restée dans leur cercle économique. Le pays est heureux et aimé par ceux qui y naissent; personne ne songe à aller chercher son avenir ailleurs.

Mais rien ne s’est passé comme il eut été possible pour parvenir à cette image. De Gaulle en avait décidé autrement, Le temps de l’horreur est revenu là-bas. Plusieurs fois. Et la misère et la corruption des siècles barbaresques.

Pour mieux savoir comment le possible a tourné à ce désastre et à notre propre destruction sous le bec du héron que nous avions fait roi, on lira les anciens numéros de cette revue et le superbe vade-mecum de Georges Dillinger Le meurtre des départements français de l’Algérie (Ateliers Fol’fer, 2008). C’est le comment. Mais personne n’a jamais pu m’expliquer clairement pourquoi  De Gaulle a décidé de renverser la situation et d’amener l’Algérie par ce cheminement de mensonges et de petites trahisons vers la pire des solutions possibles et tous les massacres qui l’ont accompagnée. Simple rejection raciste « des Lopez et des Mohammed »? Un orgueil qui se refusait à toute dette de reconnaissance comme l’avaient déjà éprouvé Churchill et les Anglais, Eisenhower et les Américains, les chefs de la Résistance et les généraux de la Libération? Alliance panarabe ? Le Grand Dessein d’être le Guide d’un Tiers-Monde qui remplacerait l’Empire? Paranoïa ? Sadisme ? Hérédité ? Tout à la fois, sans doute, mais, à voir les échecs de toute part, plus de pathologie que de grande politique.

Une autre lettre. Celle-là d’Algérie, d’un lecteur qui ne donnait pas d’adresse: « Pourquoi avez-vous quitté l’Algérie ? C’était aussi votre pays ». Il ajoutait même que nous aurions pu travailler ensemble, pieds-noirs  et berbères (il était kabyle) et en faire un grand pays. Un autre rêveur. Il était trop jeune pour avoir vraiment vécu les années 60, 61,62 et, des deux cotés de la Méditerranée, on avait forcé dans son crane la Nouvelle Histoire en français et en arabe. Alors que lui répondre ? « Parce qu’on nous tuait et que ce n’était plus notre pays». Mais la France aussi ne l’était plus. Des deux cotés de la mer, le crime avait payé.

3. LES HARKIS SAUVES DES FOSSES COMMUNES DE LA MEMOIRE.

 

Quand au printemps 1962 les nouvelles des massacres de l’Abandon commencèrent à filtrer vers la France à travers le linceul qui s’était étendu sur l’Algérie, le Pouvoir et sa presse s’appliquèrent à les couvrir par le vocabulaire et l’arithmétique. Du coté des musulmans, il agissait de mercenaires et collabos qui avait joué et perdu (on leur attribua rapidement avec un certain dédain le terme générique de « harkis »). Du coté des européens, il s’agissait de tueurs de l’OAS qui avait trouvé le châtiment qu’ils avaient recherché.

Louis Joxe, l’artisan sinistre de l’Abandon, annonçait le 27 novembre 1962 que, «selon ses informations», 10 000 «harkis» auraient été tués à l’époque des « accords » d’Evian et de l’indépendance et que 7 000 pouvaient être encore détenus, -- chiffres qui défiaient la raison mais que des historiens, maghrébins et autres, avaient aussitôt brandis avec empressement en accusant de «victimalisme» ceux qui les questionnaient. 

En mai 1964, un rapport adressé au Conseil d’Etat, par le sous-préfet d’Akbou «dépositaire de nombreux témoignages» estimait à 1 000 ou 2 000 par arrondissement le nombre des victimes musulmanes de l’indépendance et parvenait à un total de l’ordre de 100 000.

En 1977, le général Porret, chef du Service Historique de l’Armée auprès du Ministère de la Défense, informait son ministre par une note 2855 datée du 21 avril 1977 que son service ne détenait aucune information précise sur le sort des supplétifs, mais que selon un document n°270 du 27 mai 1975 du Bureau d’aide aux musulmans français, sis à l’Hôtel des Invalides, le nombre des militaires et supplétifs massacrés ou disparus au moment de l’indépendance se serait élevé à 150 000, soit les trois-quarts des quelques 200 000 musulmans incorporés.

En 1991, le journal Le Monde du 7 août présentait un dossier L’histoire refoulée des harkis réalisé par Alain Rollat, peu suspect d’un biais «Algérie Française». Il citait un rapport à l’ONU estimant qu’à l’époque du cessez-le-feu de mars 1962 la vie de 253 000 musulmans males pro-français se trouvait menacée par la venue au pouvoir du FLN. Dont: 20 000 militaires de carrière, 40 000 militaires du contingent, 58 000 harkis, 20 000 moghzanis, 15 000 membres des GMPR et GMS, 60 000 membres des groupes d’autodéfense, soit 203 000 militaires et similaires, plus 50 000 civils -- élus, anciens combattants, fonctionnaires, etc. pour un total de 250 000 hommes. Il faut sans nul doute doubler le chiffre des civils en danger et encore doubler le nouveau total pour tenir compte des familles et parfois des villages et des tribus associés au « Parti de la France ». Ajoutez les milliers de musulmans tués par simple vengeance personnelle ou jalousie à cette époque d’anarchie où il suffisait d’accuser quelqu’un de sympathies françaises pour que son assassinat ne soit ni un crime ni même un délit, et on atteint le demi-million de personnes en danger. Or nous savons que seulement 21 000 musulmans et musulmanes, dont 12 500 «harkis» et leurs proches, figuraient dans les statistiques officielles de septembre 1962 comme ayant pu s’échapper vers la France. Parmi l’énorme majorité de ceux qui sont restés là-bas et dont on n’a plus entendu parler, le chiffre de 150 000 massacrés qu’évoquait la note du général Porret devient non seulement plausible mais tragiquement certain.

Ce chiffre est indirectement recoupé par celui auquel arrivait Maurice Faivre dans Les Combattants musulmans de la Guerre d’Algérie  (L’Harmattan).  En partant du détail des effectifs militaires musulmans en exercice de 1961-62, un décompte patient l’a amené à proposer un ordre de grandeur de 65 000 à 80 000 militaires et supplétifs musulmans massacrés à l’époque de l’indépendance. Comme noté auparavant, qu’on ajoute à ce chiffre qui se réfère à des effectifs males combattants, leurs familles, villages et tribus, tous ceux qui, dans l’administration et dans la politique locale avaient affirmé leur appartenance française, et nous revoici au niveau des 150 000 musulmans morts et disparus de l’Abandon, -- un chiffre qui vous broie l’esprit sans rien dire pourtant des conditions atroces qui ont pu marquer la mort de chacun d’eux. Le livre de leurs supplices attend un auteur et des cœurs accrochés.

Malheureusement, ce n’est pas tout. De novembre 1954 à la capitulation d’Evian, des dizaines de milliers de musulmans ont été assassinés par le FLN en Algérie durant ses campagnes de mise au pli des populations, 4 200 autres réfractaires ont été liquidés en Métropole par la Fédération FLN de France et 4 750 militaires et supplétifs sont morts pour la France. Nous atteignons ainsi un ordre de grandeur de 200 000 musulmans victimes du FLN pour les 8 années allant de 1954 à fin 1962.

En fait, avant que la propagande algérienne s’empare de la question et la fausse, deux historiens peu suspects de collusion idéologique, Xavier Yacono et Charles-Robert Ageron, étaient arrivés séparément à un total de 234 000 à 290 000  pour l’ensemble des morts musulmans de tous bords au cours de la guerre d’Algérie. Non seulement nous voici loin du million (et demi !!) de martyrs revendiqués par le FLN, mais on peut conclure que ses «martyrs» sont en très large majorité ses propres victimes. (Dernière ironie mais guère inattendue, Bouteflika nous demande de nous en repentir. Et payer.)

Bravant tous ces vents contraires pendant plus de 40 ans avec une ténacité exemplaire, les familles et amis des musulmans massacrés en 1962 pour avoir cru en la parole de la France ont finalement réussi à faire reconnaître par le gouvernement français l’ampleur du massacre et l’honneur du terme. Par décret du 31 mars 2003, une journée d’hommage aux harkis doit être désormais célébrée tous les 25 septembre pour marquer l’anniversaire de la participation des « 10 millions de Français à part entière » d’Algérie au référendum national de 1958 qui a créé la 5eme République.

 

4. LES MASSACRES DE PIEDS-NOIRS AU TREFONDS DES FOSSES COMMUNES DE LA MEMOIRE.

 

Si le chiffre dérisoire de Louis Joxe de 10 000 « harkis » massacrés a été relevé et démenti avec succès et la fierté rendue à leur nom grâce à la ténacité de leurs survivants, descendants et amis, il n’en à pas été de même pour les « disparus » pieds-noirs.

A l’automne de 1962, nous estimions aux abords de 20 000 le nombre de Français d’Algérie assassinés et enlevés durant la fin de l’Algérie Française dont plus de la moitié après la capitulation d’Evian. Le chiffre ne froissait pas la raison. Il était dans la même proportion pour les Européens que le chiffre finalement estimé pour les « harkis ». De plus, il avait un fondement statistique. Interrogeant autrefois plusieurs amis, j’avais noté qu’ils pouvaient se souvenir comme moi de dix à quinze noms de parents, amis et connaissances assassinés ou disparus entre les mains du FLN entre 1961 et fin 1962. Notre mémoire s’estompe, mais pour une fois les statistiques peuvent donner une meilleure idée de la vérité que les dénombrements individuels. Si on invitait un nombre suffisant des nôtres à un tel sondage d’opinion (du moins ceux qui ont vécu de près ces années-la) on retrouverait certainement cette moyenne. Deux ou trois pourcent des centaines de gens que chacun avait connus là-bas rapportés à un million de Pieds-Noirs et vous avez le sens personnel de ces 20 000 victimes.

Quand le 24 novembre 1964, Louis Joxe annonçait le chiffre de 3 018 Français d’Algérie disparus après le « cessez-le feu » de mars 1962, nous avions vu alors dans ce chiffre dérisoire rien d’autre que l’intention du gouvernement de minimiser son crime. Nous l’avons rejeté et nous sommes restés pendant des années avec notre claire perception que les Pieds-Noirs avaient subi un nettoyage ethnique inavoué et impuni du même ordre, relativement à notre communauté de 1 million, que le massacre des « harkis » relativement aux 10 millions de musulmans d’Algérie. Trente ans plus tard dans sa thèse doctorale, Jean Monneret revenait malgré tout au chiffre de Joxe en l’appuyant par les déclarations de Jean de Broglie et Louis Jeanneney et les données de juillet 1962 de l’Ambassade de France en Algérie dont celles du 2ème Bureau rattaché alors à cette Ambassade, tous, bien sûr, d’une objectivité incontestable. Pourtant, en juin 2000, le ministre André Santini, ancien Secrétaire d’Etat aux Rapatriés, répondait à notre perception initiale et avançait le chiffre de 25 000 victimes pieds-noirs. Tout paraissait ainsi de nouveau rendu à la vérité.

Laissés pour compte, restaient les militaires francais capturés par le FLN. Les « accords » d’Evian avait prévu l’échange des prisonniers : 3 600 aux mains des Francais, 400 ou 500 aux mains de l’ALN (en fait plus de 700). Nous lui avions rendu ses hommes. Les Algériens ne nous rendirent jamais les nôtres. Paris préféra ne pas indisposer Alger. Apres tout, ces prisonniers étaient mortels; il suffisait d’attendre. Ainsi les Français oublièrent. Neuf ans passèrent. Puis, en janvier 1971, par la voie indirecte d’un interview à l’Eclair d’Algérie, Houari Boumediene, le Président de la République algérienne, réveillait le gouvernement français d’un défi sarcastique[1] : « A Paris, on semble ignorer que nous détenons un très grand nombre d’otages français. Quand il le faudra, nous en communiquerons la liste à la presse, d’où une émotion considérable en France. Alors pour obtenir la libération de ces otages, il faudra y mettre le prix ». Paris semble avoir effectivement payé un prix, celui d’un mutisme réciproque et définitif.

Nous en étions ainsi à des prisonniers et otages oubliés pour toujours, perdus dans la masse de nos 20 000 ou 25 000 assassinés et disparus, quand un rapport de septembre 2006 mandaté par le Quai d’Orsay et parfois dit « Rapport Villepin » remettait de nouveau le dernier chiffre en cause. Ni 25 000, ni 20 000, ni même 10 000 ou 3018, mais 1940. Ces Pieds-Noirs étaient vraiment des affabulateurs. Selon l’Express du 14 septembre 2006, ce rapport décomptait 3 490 enlevés après mars 1962, mais 910 libérés, 640 retrouvés vivants, restaient 1 940 présumés décédés, soit un tiers de moins de ce Joxe avait voulu nous faire accepter en 1964. Bilan établi, notait l’Express, sous l’estampille de l’ANIFOM (Agence nationale pour l’indemnisation des Français d’Outre-mer) et avec le concours d’un général du 2ème Bureau en Algérie en 1962 et d’un historien natif d’Algérie.

Le site officiel du gouvernement français a actualisé ces chiffres sans changement majeur: 3 781 disparus, 1 551 retrouvés, restent 2 230 disparus. Ceux qu’affiche Jean Monneret, «historien pied-noir», dans un article Internet intitulé L’affaire des Français disparus en Algérie en 1962 sont encore plus bas : 3 019 enlevés pour compte de départ (le chiffre de Joxe plus un), moins environ 1 300 retrouvés, reste 1 700 dont seulement 800 peuvent être certifiés disparus. De 20 000 nous voila à moins de 1 000 ! Les animateurs du Mur des Disparus de Perpignan ont tout de même rehaussé la barre : quelques 2 610 noms gravés sur dix plaques plus 400 militaires. Il reste de la place sur le mur pour ajouter d’autres plaques, mais qui reste-t-il à compter dans cette arithmétique?

 (A noter que ces totaux incluent quelques 365 victimes pour l’Oranais, alors que pour les seuls massacres d’Oran du 5 juillet 62, un consensus s’est formé depuis longtemps parmi les témoins et les enquêteurs, notamment depuis l’énorme travail de Geneviève de Ternant et Claude Martin sur l’Agonie d’Oran (3 tomes, Editions Gandini) pour accepter le chiffre de 3 500 victimes pour la ville et ses environs.

Quelques grandes questions restent sans réponse…

20 000, 3 018, 2 610 ou 800 ? Que vaut la méthodologie d’un dénombrement nominatif de nos disparus? Quel valeur prêter à l’approche dite «historique objective » qui a donné à nos opposants un bâton pour nous battre.  Essayer de compter avec nom, date et preuve, les victimes une à une comme des allumettes est de la mauvaise science sous guise d’objectivité historique car il est impossible que cette méthode de dénombrement nominatif soit exhaustive. Elle ne vaut que ce que valent ses sources. Il est vain de la prétendre juste et définitive sans souligner ses limites et ses vides.  Marc Leclair, le fondateur de l’AFSED, l’avait  reconnu. Il avait réussi après un long effort commencé dès l’été1962 avec Jacques Soustelle à établir 3 500 dossiers en dépit des archives officielles qui demeuraient fermées. Dans une interview avec Marc Babronski, paru dans France Soir du 17 avril 1982, il concluait que de meilleurs moyens lui auraient probablement permis de réunir 5 à 6 000 dossiers et qu’à force de vivre avec cette question il en était arrivé à la certitude qu’un minimum de 9 000 Européens avaient disparu après le cessez-le-feu. Presque trois fois plus que ses minutieux décomptes.

Quand une famille entière disparaît sur une route de l’intérieur ou qu’un blédard isolé se tue de sa dernière balle à l’approche de moudjahidines, qui reste-t-il pour établir leur dossier? Le gouvernement qui les a abandonnés, les terroristes qui ont brulé leurs corps, c'est-à-dire personne. Que valent comme source d’un dénombrement les quelques fiches réunies à l’époque par les apparatchiks gaulliens, passées au crible et mises sous clé? Quelle objectivité que d’aller chercher chez les coupables et leurs complices l’identité et le nombre de leurs victimes ? Qu’auraient valu les comptes de la Shoah établis par Hitler ou ceux du Goulag établis par Staline ? Que valaient les rapports des visiteurs de la Croix Rouge en Algérie en 1962 qui, faute de pouvoir se déplacer librement, n’avaient pu que mentionner des rumeurs d’européens civils et militaires mourant dans des camps inaccessibles et de jeunes filles et garçons pieds-noirs peuplant des bordels de l’ALN ? Leurs derniers survivants étaient-ils ces « otages » offerts pour un prix par Boumediene prés de dix ans plus tard ?

Que signifie par ailleurs l’estampille de l’ANIFOM dont la mission officielle est d’indemniser les ayants-droits de disparus dument reconnus et agréés par ses propres services ? Souvenons-nous des morts d’Austerlitz. 8 000 soldats Français comptés sur le champ de bataille mais 1 306 seulement agrées après que Napoléon ait décrété que les orphelins des disparus seraient pris en charge par la Nation. Les pertes de l’ennemi restaient, elles, fermes à 18 000 morts. La situation est similaire, mais pour une raison bien différente. Il nous fait minimiser nos pertes et laisser les pertes du FLN gonflées à l’extrême non pour témoigner de la valeur de nos armes mais pour mieux nous préparer une repentance nationale.

Autre questions. Qu’entend-on par « disparus » ? Pour nous, c’est clair : ceux qui ne sont pas revenus un soir, ceux dont on voyait le nom dans les journaux sous la rubrique « Recherches pour l’intérêt des familles ». Mais avec cette définition, nous excluons tous ceux dont on a retrouvé les corps – les assassinés et les suicidés du grand chagrin.

Et, surtout, pourquoi ne parler que des Français d’Algérie disparus après le cessez-le-feu sans parler aussi des autres? Toute la période de désespoir et de colère qui avait déjà commencé en décembre 1960 quand De Gaulle a crié « Vive l’Algérie algérienne » et que les SAU de l’armée française ont lancé à Alger les militants du FLN à l’attaque des quartiers européens, toute cette période est passée sous silence. Avec elle, le brutal changement de cap, la trahison, la capitulation ordonnée d’une armée victorieuse, la colère des officiers auxquels on demandait de trahir la parole donnée, l’abandon des musulmans du Parti de la France, le transfert aux assassins d’Azzedine des fiches de la RG sur les militants Algérie-française, le début des massacres impunis voire consentis, le siège de Bab-el-Oued, la tuerie de la rue d’Isly , la rage et le désespoir, tout passe à la trappe et à la trappe avec eux Bidault, Soustelle, Salan, Challe, Zeller, Gardy, Jouhaud, Godard et tant d’autres hommes d’honneur qui avaient vu le désastre arriver et cru bon de résister. Ils ne sont plus justifiés comme Bastien-Thiry, Degueldre, Piegts, Dovecar, De Brem ne sont plus justifiés.  Parler des dernières semaines de l’Algérie française et de «l’Après 19 mars » sans une vue d’ensemble des mois et  années qui les ont précédés, c’est trahir la vérité car tout ce qu’il reste alors est l’axiome dont on nous écrase : « La déraison de l’OAS a entrainé les représailles du FLN ». La cause est devenue l’effet.

Ainsi le chiffre misérable de Louis Joxe a été finalement officialisé par les parties en cause.  Il l’a été à la baisse et nous ne sommes plus sûr à qui et à quoi il s’applique. S’appuyant sur le sens le plus large du terme et cessant de mentionner qu’il ne s’agit que de « l’Après 19 mars 62», les « disparus pieds-noirs» deviennent simplement pour les medias si fatigués de nous et pour les partis et associations qui s’acharnent contre notre mémoire tous les Français d’Algérie morts au cours de la Guerre d’Algérie. Les sites ennemis peuvent alors se gausser de ces charlatans de Pieds-Noirs et de leurs 20 ou 25 000 disparus. Soyons raisonnables. Pas des milliers mais quelques centaines. Le bilan d’une tornade à Haïti, d’un séisme à Java. Pourquoi tant de clameurs? Pire: pour l’essentiel il ne s’agit que de militants OAS qui ont payé le prix de leurs exactions. Conclusion: tout monument à leur mémoire ne peut être qu’un monument à la gloire de l’OAS. CQFD. N’espérons guère, frères pieds-noirs, voir l’Assemblée nationale ressusciter l’Art.4 ou adopter une petite Minute d’Hommage aux Français d’Algérie. Attendons-nous plutôt à cette Journée de Repentance Nationale que l’ennemi exige depuis longtemps avec notre condamnation et notre expiation.

 

Vingt-trois pour cent des résidents de France (lisez bien : 23%) sont issus de l’immigration récente. On ne peut échapper à l’affreux soupçon que le pays, son gouvernement et son peuple ont trouvé plus simple de dissimuler leurs grands trous de mémoire en les comblant avec cette nouvelle mémoire importée et qu’ils ont décidé de se préparer au nouveau paysage politique qui s’annonce à terme, don de l’assistance aux familles et des contribuables français (et, bien sûr, du Plus Grand des Français). C’est sans plaisir qu’il nous faut dire à nos concitoyens: pour avoir préféré la capitulation à la victoire et la dérobade à la fidélité, pour avoir refusé il y a exactement cinquante ans la chance d’une nouvelle Algérie française qui vous aurait conservé son respect, vous aurez une France algérienne qui ne vous le devra pas. Et de là, quel horizon ? La Sharia tissée dans le Code Napoléon ?  La Grande Confédération Euro-Islamique ? Et plus loin, le Califat universel ? Dit sans plaisir, car nos descendants seront dans la tourmente.

  

André ROSSFELDER

14 Sept. 2008



[1] Voir  Alain Alude “Soldats français prisonniers du FLN. Réponse ouverte à M. le Secrétaire d’Etat a la Défense et aux Anciens Combattants », La lettre de Veritas, Sept.2008, No 125.


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