D'Algérie - Djezaïr
Mouvement de réconciliation

Eveline Caduc, Universitaire.

Réponse à Boualem Sansal.

Cher Boualem SANSAL ,

J'ai lu , renvoyé par Jean-Pierre Lledo le 4 mars,  votre "papier" adressé d'Alger à Libération le 28 février et intitulé "Révolution dans le monde arabe. Y a-t-il un philosophe dans l'avion?".

N’étant pas philosophe, je ne peux évidemment pas  proposer une réponse à votre question mais,  comme je vous l'avais dit lorsque nous nous étions rencontrés à Paris en mars 2008, avant que je n'aille animer un séminaire de " sémiotique littéraire" sur "L'Enfant fou de l'arbre creux"  avec les étudiants en master à  l'ENS de Bouzareah,  c'est avec la fiction que j'essaie de répondre aux questions sur la relation à  l'Autre analogues à celles de votre texte:

 « Si le monde arabe de papa tombe, le monde arabe que les occidentaux portent dans la tête va-t-il tomber aussi ou vont-ils le garder pour les besoins de leur vision du monde ? Le monde arabe peut-il se transformer de lui-même et échapper au scénario écrit par l’occident ? Lui-même verra-t-il l’occident autrement que comme un monde de mécréance et de manipulation ? »

Après La maison des Chacals[1] roman consacré à la première révolution -  celle qu’on appelle la guerre d’Algérie ou la guerre d’indépendance ou de libération - c’est encore précisément de cette représentation que l’on se fait de l’autre sur l’une et l’autre rive que traite mon second roman sur l’Algérie intitulé L’Ex-Aletti[2] et qui  s’achève sur un rêve de révolution : celui que fait Amina, une femme d’Alger sans appartement,  à la conquête de son indépendance.

Par ailleurs sur mon blog <evelinecaduc.fr>   je suis,  depuis le début décembre 2010, tout ce qui me semble signe de changement en Algérie, essentiellement à travers la jeunesse  (qui surfe sur internet et les réseaux sociaux) ,  mais aussi avec les révélations de  WIKILEAKS dont je pense qu'elles ont largement contribué à  faire bouger les peuples arabes découvrant que le monde entier savait désormais ce qu' ils connaissaient,  eux, depuis longtemps :

à savoir qu'ils vivaient sous de véritables dictatures et qu'ils étaient gouvernés, spoliés et privés d'espoir par de véritables mafieux, seuls,  en famille ou en bandes selon les pays. J’ai « posté » sur ce blog votre premier appel sous le titre Indignons-nous !
Et sous l'intitulé  Algérie, une seconde révolution?  je rassemble, presque au jour le jour,  les articles d'EL WATAN qui me paraissent désigner, décrire ou  analyser les composantes  de ce mouvement révolutionnaire d’un type particulier qui, en appelant à une véritable démocratie,  s'est enclenché en Algérie au nom des trois exigences fondamentales de dignité, de liberté et de justice:  après les actes de dé-espoir extrême des harragas ou les immolations par le feu,  la mobilisation de la jeunesse -  et plus particulièrement celle des étudiants qui se  radicalise -  les grèves et les "sit in" de plusieurs catégories professionnelles,  ou les quelques "marches" de femmes.

 Et je vois là une « utopie active » dont nous sommes très nombreux à souhaiter le plein succès … faute d’avoir la possibilité d’en être, nous aussi,  acteurs.

Bien à vous

Eveline Caduc

<evelinecaduc.fr>  

Wagner le 08.03.11 à 12:26 dans u/ Libre Antenne - Lu 1280 fois -
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