D'Algérie - Djezaïr
Mouvement de réconciliation

05 juillet 1962 - 05 juillet 2012. Suite.

Je reprends donc mon propos d'il y a quelques jours pour exprimer ce qui m'amène après 4 années "de bons et loyaux services" pour l'idéal de D'Algérie-Djezaïr en tant qu'animateur de ce blog, à cesser (sauf évènements exceptionnels) de l'alimenter quasi quotidiennement pour "passer à autre chose". Pour autant il reste ouvert et vous pouvez continuer à le lire, à le faire connaître, à commenter...
Cela après des pages et des pages d'articles, de documents, de témoignages, de commentaires, de dizaine de milliers de lecteurs aux 4 coins du monde ...pages qui ont exprimées la pluralité des sentiments et des points de vues dans l'affirmation entre tous, puisque cela relève de l'esprit même du Texte Fondateur, de la reconnaissance de notre appartenance à la terre, ou de racines, commune  quelque soit notre communauté d'origine. Un bel exemple de fraternité!
Et ce ne fut pas simple.....car il faut beaucoup d'efforts sur soi pour dépasser ses propres certitudes. Mais bon, la route fut belle et c'est bien la démarche qui compte, elle seule laissant les traces dont je ne désespère pas que les graines semées portent un jour de beaux fruits dans un monde en tourment et de violences.
Cette expèrience sur la base de notre patrimoine commun valait d'être vécue et citée en exemple, également d'en rappeler le souvenir "d'hier" qui ne fut pas que fureur et larmes, aussi joie et partages.
Cela vaut à la hauteur de ce qui nous était possible de faire de la sorte et que nous continuons de faire les uns et les autres à notre manière, avec la même conviction, peut être comme pour ce qui me concerne, quelques désabusements!
Alors pourquoi cesser?
Parce que la France et l'Algérie, ainsi que leurs relais, me désespèrent...
Si en France, beaucoup fut fait pour la reconnaissance de la mémoire des uns et des autres pour tenter, 50 ans après de faire "cesser la guerre des mémoires" - et nous fûmes à notre niveau de modestes et volontaires acteurs de cela -il reste une dernière marche à franchir pour soulager enfin la mémoire meurtrie des Français d'Algérie de toutes origines et la transmettre dés lors apaisée aux générations montantes : c'est la reconnaissance officielle (et non plus en catimini) de la responsabilité de la 5ème République et de son gouvernement d'alors dans ce que furent leurs drames. Donc la reconnaissance de la responsabilité devant l'Histoire et devant les hommes du chef de ce gourvenement là, la figure mythique intouchable de la Nation française qui a pourtant dans son Histoire suffisamment d'authentiques héros pour ne pas avoir à se contenter de pâles copies: c'est à dire Charles De Gaulle.Oui, je sais, je suis atteint d'anti gaullisme primaire.Et là, je ne me soigne pas!
Mais là, pas touche, sauf à vouloir être considérer comme extrêmistes et pour envoyer ceux là sur le divan des psychanalystes, classant donc les défaisseurs d'idoles dans le camp des indécrotables nostalgériques (forcément racistes et fascistes, cqfd!)...fermez le ban...alors qu'il ne s'agit que de Justice qui amène alors au traitement équitable de cette page de l'Histoire de France dans la reconnaissance des uns et des autres! Donc une balance de la Justice aux fléaux équilibrés. Nous en sommes encore loin.
La preuve en est de l'appréciation de notre histoire commune en France: un candidat en campagne, futur président, marque dignement en octobre 2011 le 50ème anniversaire de la tuerie de dizaines d'algériens sur les bords de la Seine (17 octobre 1961) pour réchauffer le coeur d'une communauté meutrie du fait de ce drame d'alors, mais il est totalement absent le 05 juillet 2012 pour marquer de cette même compassion et solidarité la communauté piednoire dans le souvenir des massacrés par centaines du 05 juillet 1962 à Oran...deux poids, deux mesures au pays qui se veut celui des Droits de l'Homme, dés lors à géométrie variable!
Cela m'exaspère et me désespère....

Et en Algérie...alors là, c'est la désespérance même! De ce point de vue, on a un partage avec la jeunesse algérienne qui par auto dérision dont elle a le secret quand elle dit "un espoir, deux espoirs...désespoir"!
En 2010, la caravane Camus pour marquer le 50ème anniversaire de la mort de l'illustre enfant du pays fut entraver de toutes manières possibles dont ce pays a le secret...
Ah non, une petite plaque sur sa maison natale (en réalité pas de naissance puisque la ferme où le père de Camus était métayer n'existe plus) à Dréan ex Mondovi, en 2011 qui a disparu le lendemain même!
Là bas l'on accepte bien volontiers les Pieds-Noirs en pélérinage (et la sincérité est authentique du côté des Algériens qui vécurent avec eux et qui ne cachent pas la joie de enfin les revoir) car c'est bon également pour l'image et pour certains pour le business...comme l'est pour d'autres (mais il y a là aussi d'authentiques acteurs Algériens honnêtes et considérant la notion de patrimoine et de dignité/respect dûs aux défunts) celui de "la sauvegarde" de nos cimetières dont ceux qui comme moi s'en sont souciés, pas seulement pour leur ville natale, savent la réalité des tristes faits.
L'on aime aussi ceux qui portent à l'extèrieur la bonne parole d'un pays en quête d'une image redorée, et donc les Pieds-Noirs ou assimilés qui ne peuvent y dire que ce qui ne gêne en rien la doxa. En dehors de cela, point de salut!
L'on est pas près d'y voir en conférence l'historien Jean-Jacques Jordi y parler terreur et politique d'épuration ethnique orchestrée alors par le FLN pour être le seul détenteur du Pouvoir dont on sait ce qu'il en a fait.
Par contre, si vous avez à y parler de la torture de l'Armée française, par de celle de l'ALN of course même envers ses propres troupes ou envers ses opposants, ou bien encore du mythe des Pieds Noirs restés en nombre au bled alors que Ben bella affirmait par 3 fois, "nous sommes arabes, arabes, arabes" (et les berbères donc, aussi aux oubliettes de l'Histoire?) et qui des années plus tard témoigna (j'ai cela aussi dans mes archives) qu'il (lui et les autres de son engeance) ne concevait pas une Algérie avec une minorité européenne conséquente (d'où l'importance en 1962 et après de finir par les faire partir sauf pour la dose homéopathique tolérée)...même ceux qui avait combattu pour l'indépendance, et forcément en partie contre les leurs, finirent par abdiquer comme ceux non engagés politiquement qui croyaient pouvoir continuer de vivre sur la terre natale qui pensaient être aussi la leur après 5 générations (combien de temps faut-il pour être de quelque part? En France certains disent "Français un jour, Français toujours"! Ma famille était présente dés 1830 par un arrière arrière grand père artilleur engagé en 1828 à Strasbourg et j'y suis né en 1961.....n'était-ce pas suffisant pour être algérien??, En France, certains porteurs indignes du maillot national de l'équipe de France sont Français - et je ne remets nullement cela en question - depuis moins longtemps que nous n'étions algériens, et pour autant lorsque DADZ lança l'idée de l'obtention automatique de la nationalité algérienne en 2010, voir les articles en question, nous n'eurent du gouvernement algérien en réponse que......silence!).
Alors, enfin , aurait il pu profiter (l'Etat algérien souvent donneur de leçons morales) du symbole des 50 ans pour faire oeuvre de réconciliation en faisant le geste d'apaisement idoine : par exemple celui lors des cérémonies du 05 juillet (tout en fêtant par ailleurs cette indépendance légitime) d'exhumer de leurs tombes de béton du petit lac les sacrifiés/martyrisés des massacres de Pieds-Noirs du 05 juillet 1962 à Oran dont beaucoup de ceux célébrant ce 05 juillet 2012 devaient avoir le souvenir (la honte?) pour leur offrir une digne sépulture. 
Cela aurait été un geste fort à la face du monde en proie à toutes les violences, aurait eu une sacré gueule et un authentique symbole de fraternité lancé par l'Algérie à la face de ses détracteurs, également un signe d'espérance pour les pays où règne la guerre civile ( en 2004 pour les commémorations du débarquement en Provence de l'Armée d'Afrique où cohabitaient de l'ordre de 200 000 "indigènes " comme l'on disait alors, et 200 000 Pieds-Noirs comme l'on ne les appelait pas encore, j'avais suggéré, également sans succès, à l'Etat algérien, et français pour information, de sortir de son sarcophage de béton le Monument aux Morts du Centre d'Alger pour retrouver l'originel sous celui de l'indépendance et unir en fraternité retrouvée le passé et le présent. Ce fut, comme toujours lorsqu'est proposé quelque chose de la sorte à l'Algérie officielle, le même insuccés). Bref, il n'en fut RIEN, quedal, oualou, nada...comme d'hab!
Repentance d'un côté, arrogance et indifférence de l'autre tout en restant dans l'exigence vis à vis du "partenaire"!
Alors, fort de tous ces constats là, pourquoi persévérer.
Aujourd'hui, khlass, basta, je quitte la scène et y reviendrais si un jour (ce dont je doute) un tel geste sera enfin offert en gage de Paix de l'Algérie envers ses enfants de la terre (comme disent les Malgaches des "pieds-noirs" de Madagascar, les zanatanes, les enfants de la terre) d'hier éparpillés aux 4 coins du globe.
Ces désespérances là, algériennes et françaises, me font faire dés lors ce choix car l'on s'use à force de ces constats là trop souvent source de sourdes colères.
Alors, continuez d'alimenter ce blog, de le lire, de le diffuser...et qui sais, demain sera un autre jour.
Jusqu'à fin juillet, peut-être jusqu'à fin 2012 pour cette année des 50 ans qui est aussi celle de mes 50 ans, je continuerai de mettre en ligne car je ne doute pas de choses intéressantes encore à venir, mais pas au-delà.
Merci à vous de m'avoir aidé, encouragé, supporté, soutenus, par dizaine de milliers. J'y ai puisé le courage de faire au mieux.
Certains sont aujourd'hui au nombre de mes amis, et j'en suis heureux.
Encore merci.
Bien à vous toutes et tous

Eric Wagner

Wagner le 08.07.12 à 15:38 dans m/ Actualités - Sorties - nouveautés - Lu 1074 fois -
Article précédent - Commenter - Article suivant -