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D'Algérie - Djezaïr
Mouvement de réconciliation

Proposer une devise

"Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Albert Camus// "La vérité jaillira de l'apparente injustice." Albert Camus - la peste// "J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'intarissable espérance." Jacques Berque// « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot 'barbare'. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du 'Tamazirt', la langue, et d''Amazir', ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l'homme libre ? » Kateb Yacine// "le français est notre butin de guerre" Kateb Yacine.// "Primum non nocere" (d'abord ne pas nuire) Serment d'Hippocrate// " Rerum cognoscere causas" (heureux celui qui peut pénétrer le fond des choses) Virgile.// "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus.

D'Algérie-Djezaïr

Le MOUVEMENT D’Algérie-Djezaïr vient d’être officialisé par plus d’une centaine de membres fondateurs résidant dans le monde entier, ce 22 juin 2008 à Saint Denis (Paris - France). Il est ouvert à toutes celles et ceux qui voudront le rejoindre, natifs d'Algérie, et leurs descendants.

ORGANISATION

Elle est démocratique, c'est-à-dire horizontale, sans centralisme, et sans direction. Les décisions essentielles doivent être conformes à l’esprit du Texte Fondateur. Elles sont prises après larges consultations, où tous les membres donnent leurs opinions. Les règles internes sont arrêtées par les "adhérents". Pas de cotisations. Les groupes et le Mouvement trouvent les moyens de faire aboutir leurs actions.

48 ans. L'âge mûr...

mais à la limite pourri because la gangrène de la corruption.



Made in Algéria. Heureusement, il y a encore et toujours la fibre nationale (gare au 

nationalisme) à proposer comme viatique au bon peuple. Mais y croit-il encore? 

Nous sommes trés nombreux (en premier lieu les Algériens eux-mêmes) à en 

douter.



Lundi 15 février 2010

Accueil > Edition du 8 février 2010

L'info. au quotidien

   Idees-debat


La corruption s’est massifiée et démocratisée

Nous connaissions déjà la kleptomanie : une déviance connue qui porte certains individus à voler systématiquement tout ce qui peut être volé autour d’eux. C’est une maladie. Mais elle se soigne. Quand cette même déviance, cette même maladie, s’applique à tout un système de gouvernance, à un mode de gouvernement, à ses personnels, dirigeants en tête, elle portera alors un autre nom précis : la kleptocratie.

 

Un système fonctionnant sur la corruption, le vol, la rapine et les détournements généralisés à tous les étages de l’Etat, des institutions et des entreprises publiques ; du sommet à la base. C’est aussi une maladie. Elle ne se soigne pas. Parce qu’il n’y a que la tombe qui redresse les bossus. Sauf à l’éradiquer à ses racines et, plus important, à la tête. Dans cette observation, deux phénomènes capitaux nous intéressent : la corruption généralisée au sommet de l’Etat et celle, plus insidieuse et plus dangereuse à la base, c’est-à-dire à hauteur de ce qu’il a été convenu d’appeler le peuple ou, c’est selon, les masses populaires. Cette forme de kleptocratie, que se partagent solidairement gouvernants et gouvernés, représente en Algérie la forme la plus dégénérée et la plus pourrie de la ploutocratie et de l’autocratie réunies, comparativement aux systèmes politiques les plus avariés et les plus dévoyés dans le monde et où la prévarication est une culture comportementale.

Bien plus que les monarchies, que les sous-tyrannies locales, que les républiques bananières et sous-systèmes dérivés, que les sous-républiques héréditaires familiales arabes, que les féodalités princières du pétrole ; bien plus que les pires systèmes infra-humains. L’exemple algérien, que l’humour et la dérision populaires traduisent si bien, (Mille missiles n’anéantiront pas l’Algérie ; deux bons ministres du terroir suffisent) par sa pédagogie cognitive que ses dérives cumulées ont généré, aussi par son origine historique, par son absence totale de morale politique ou de morale tout court, n’a pas son équivalent dans le monde. C’est un cas d’école qu’enseignent toutes les mafias du monde. Et c’est encore par la dérision qu’il se dit partout, chez nous et ailleurs, que chaque pays possède sa mafia ; chez nous, c’est la mafia qui possède tout un pays. Jugeons-en.

De la kleptocratie à la base

Le pouvoir politique algérien, par vagues successives depuis l’indépendance et davantage encore depuis ces dix dernières années, a réussi l’incroyable et diabolique prouesse d’ôter au peuple algérien les valeurs de base qui faisaient naguère sa grandeur, son génie, sa noblesse : l’amour du travail, le respect d’autrui, le respect de la vie, les valeurs de solidarité, l’amour de la patrie, etc. Chaque être humain, normalement constitué, aspire à la première richesse qui élève l’Homme : le travail. En Algérie, les pouvoirs successifs ont désappris aux masses le travail et l’effort, le poussant à revendiquer le droit au non-travail, à la rente, à devenir pensionné, gardien, gardien des gardiens, planton, chef planton, beznassi, trabendiste, pickpocket, c’est-à-dire, « Regda oua t’manji ».

Résultat des courses, l’Algérien ne produit pas son pain, ni son lait, ni ses patates pas même son eau ni le pantalon qu’il porte. Les petits Chinois et les Egyptiens creusent des trous pour nous, pendant que les nôtres jouent aux dominos. Le pétrole payant nos paresses et nos siestes organisées. C’est la plus grave des corruptions. Préparer et pousser un peuple au non-travail et payer sa mise en congé permanente avec l’argent du pétrole. Car la plus grave des corruptions consiste aussi à nourrir un peuple avec des richesses qu’il ne produit pas, qu’il ne produit plus. Le paysan marocain nourrit trois personnes en plus de sa famille.

Le Français en nourrit huit. Le paysan algérien, lui qui nourrissait six personnes, n’arrive même pas à se nourrir ; il produit moins de 20% de ses besoins alimentaires. C’est pourquoi l’essentiel de notre pétrole finit dans les égouts. C’est ce qui fait dire aux observateurs avisés que l’Algérie, avec toutes ses richesses, ne produit rien pendant que ses voisins immédiats, avec rien, produisent des richesses. C’est ce qui justifierait l’appellation Sonatroc au lieu de Sonatrach ou, pire que l’Irak en guerre, « pétrole contre nourriture » Les conséquences sociales de cette forme silencieuse de corruption seront terribles malgré toutes les formes déguisées pour acheter la paix sociale, avec l’argent du pétrole.

Concomitamment à cette corruption du peuple par le pétrole, d’autres facteurs aggravants ont accompagné et potentialisé cette décadence organisée. La nouvelle école, la rue, les médias dits publics, les mosquées, le FLN régnant ont détruit en moins de cinquante ans ce que des siècles ont donné comme valeurs de grandeur, d’humilité et de dévouement aux Algériens. Au nom des nouvelles valeurs inculquées de force par le pouvoir à ses sujets, des Algériens sont arrivés à égorger d’autres Algériens qui ne pensent pas comme eux, à vitrioler des jeunes filles qui ne s’habillent pas comme eux, à bâcher et à cloîtrer des enfants qui ont le défaut de naître filles, à lyncher et à juger les mangeurs de Ramadhan…

La liste des dénis et des interdits est bien longue. C’est le pouvoir politique qui en est totalement et exclusivement responsable en taisant et parfois en encourageant ces déviances au motif criminel de ne pas heurter les sensibilités islamistes ou provoquer les courroux de leur fitna ; une autre forme primaire de corruption pour garder le pouvoir. A l’arrivée, les bilans ne sont pas loin de l’apocalypse sociale alors qu’officiellement, les médias publics aidant, l’Algérie avançait d’année en année vers le bonheur et la prospérité absolus. Dans la réalité des faits, chaque nouvelle année de gouvernance algérienne nous rapprochait un peu plus de l’horreur, de l’impensable, de la catastrophe. Jugez-en par ces quelques repères chiffrés, livrés en vrac, et dont j’assume l’entière responsabilité.

• Deux cent mille morts, cent mille orphelins, cinquante mille veuves ; en moins de 6 ans. Pour rien.

• Trois millions de chômeurs effectifs (2007)

• Plus d’un million de prostituées équitablement réparties sur l’ensemble du territoire national.

• Trois cent mille femmes et enfants SDF abandonnés et jetés à la rue.

• Cent mille malades mentaux, oisifs et désœuvrés livrés à eux-mêmes.

• Deux cent mille mendiants et mendiantes en 2008 (12 000 en 1970).

• Apparition massive des maladies vénériennes non suivies.

• Retour massif des maladies éradiquées au siècle dernier (tuberculose, choléra).

• Massification des trafics et de la consommation des drogues et divers stupéfiants (en termes de volumes écoulés, l’évolution passe de quelques grammes dans les années soixante à des tonnes actuellement).

Des chiffres jamais publiés

• Un Algérien sur trois (environ 12 millions) vit en-dessous du seuil de pauvreté avec moins d’un dollar de revenu quotidien.

• 82% des Algériens se déclarent mécontents de leur vie.

• 89% des foyers algériens déclarent que leurs conditions de vie se sont dégradées durant les dix dernières années.

• 92% des foyers algériens déclarent que leur pouvoir d’achat a chuté d’une manière substantielle durant les dix dernières années (de 20 à 40%).

• 78% des Algériens ne font pas confiance aux représentants du pouvoir (gouvernement, autorités locales, élus locaux et nationaux).

• 32% des élus locaux ont eu maille à partir avec la justice. 238 P/APC ont été condamnés à la prison ferme durant les dix dernières années.

• 86% des Algériens pensent que l’Etat central et ses institutions sont gangrenés par la corruption et la concussion.

• 84% des Algériens pensent que les membres du gouvernement travaillent pour leurs propres intérêts personnels, ceux de leurs familles et de leurs amis.

• 78% des jeunes (16-30 ans) souhaitent s’installer à l’étranger, dont 32% se déclarent candidats au départ par n’importe quel moyen.

• Chaque Algérien connaît personnellement au moins trois cas de corruption non sanctionnés aux niveaux local, régional et national.

• 87% des Algériens pensent que les grands et gros corrompus échappent à la justice.

• 75% des Algériens pensent que la justice ferme les yeux sur la grande corruption.

• 82% des Algériens ignorent que M. Abdelaziz Bouteflika a été condamné par la Cour des comptes pour détournement de fonds publics (l’équivalent de cent milliards de centimes actuels) dans l’exercice de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères (arrêt du 08 août 1983). Il est bien établi que l’état de santé d’un système, comme pour le poisson, se mesure à l’état de sa tête, laquelle a valeur d’indicateur sur l’état général du corps considéré. On observera tranquillement l’extraordinaire parenté des modes de gouvernance entre les trois moments de gestion du même pouvoir politique sous les ères remarquées des trois principaux présidents ayant marqué dans la durée le paysage sociopolitique de l’Algérie : Boumediène, Chadli et Bouteflika.

Ces trois présidents ont utilisé, à quelques détails près, les mêmes moyens et les mêmes méthodes d’appropriation, de gestion et de conservation du pouvoir :
 L’usage de la violence physique et politique dans toutes ses formes déclinées, (violation des droits, répressions, emprisonnements, tortures, exil) comme mode et moyen de gouvernance.
 L’assassinat et le meurtre politique comme ultimes réponses aux oppositions politiques déclarées.
 La corruption et l’achat des soutiens par l’enrichissement illicite.

Dans ce tiercé diabolique, chaque président a trouvé sa combinaison gagnante en privilégiant une méthode sur les autres. Boumediène a pratiqué froidement et équitablement ces trois moyens de gouvernance où se mélangeaient dans un ordre sans cesse changeant, argent, prison et assassinats politiques. Sous Chadli, tout en maintenant le triptyque diabolique nécessaire à la conservation du pouvoir, ses proches conseillers semblent avoir remis au goût du jour la célèbre formule de François Guizot : « Français, enrichissez-vous ! » C’est ce qui fera dire plus tard à un ministre de la bande qui n’est pas Ghazi : « Celui qui ne s’est pas enrichi sous l’ère Chadli ne s’enrichira jamais… » Et on peut affirmer avec précision que c’est à cette époque, les années 80, que la corruption s’est massifiée, démocratisée au point de transformer des gueux et des va-nu-pieds en puissants milliardaires roulant carrosses japonais, Honda et Ferrari négligemment jetées sur le trottoir. Je ne parle pas seulement des petits Mouhouch ni des minables chameliers à la Hadj Bettou ou des mortellement patriotes ou des matrones d’Alger et de Bordj rendues brutalement milliardaires par l’outrage fait au Trésor public et aux braguettes régnantes.

Je ne parle pas seulement de ces proxénètes et maquereaux divers devenus aussi par des commerces malsains, partie prenante et thuriféraires du pouvoir. C’est cette démocratie de la concussion à ciel ouvert, de cette démocratie ventrale et de la banane recouvrées, de cette démocratie des bateaux de PAP qui ont transformé ministres, banquiers et gestionnaires des divers monopoles et pénuries en une communauté d’experts associés dans la prédation et le pillage massif de l’Algérie. Jusqu’à la mise à genoux de l’Etat, jusqu’à la cessation de paiement, jusqu’à l’éclatement d’Octobre, jusqu’à l’arrivée des mitrailleuses crachant la mort sur un peuple criant famine et justice. Aucun des auteurs de cette catastrophe nationale n’a été à ce jour interpellé ou entendu ou inquiété. Rien. Tous continuent à vivre tranquillement ici et/ou à l’étranger, à manger tranquillement leurs milliards volés. Même quand ils meurent, c’est avec les hommages officiels appuyés de la nation tout entière qu’ils partent, embaumés d’oraisons funèbres où il n’est jamais dit qu’il s’agit le plus souvent de voleurs et d’assassins avérés. Echappant sur terre à la justice des hommes ; échapperont-ils à celle de Dieu ? Pas sûr.

Le triptyque (Fric, Cric, Trique)

Fondamentalement, rien d’essentiel n’a changé au regard des trois pis de la mamelle du pouvoir FCT. Les mœurs et les systèmes de gouvernance et de pillage ont été certes plus raffinés, plus sophistiqués, mieux déguisés parce que conçus par des esprits moins incultes et, le plus souvent, soutenus et assistés par des intelligences étrangères, américaines en tête, désormais parties prenantes de la rapine nationale. Signe des temps, le système de gouvernance et de corruption de Bouteflika s’est enrichi et renforcé d’une nouvelle donne. La mondialisation aidant, il s’est ouvert en s’appuyant sur l’étranger et les multinationales pour organiser à grande échelle le pillage massif de l’Algérie, comme l’explique si bien Hocine Malti. Pas surprenant donc qu’en plus des Five Sisters (les cinq sœurs) abonnées traditionnelles au biberon pétrolier algérien, on rencontre à la soupe de Sonatrach, Anadarko PC, Halliburton, Saipem, BRC, Dick Cheney, Ramsfeld, Bush, père et fils, et, très curieusement, le Texan algérien, lui qui dit tout ignorer de ces commerces alors que tout indique qu’il en est le principal inspirateur sinon l’instigateur en chef.

Revenons au triptyque diabolique FCT que le Président semble avoir bien compris grâce à sa grande expérience du pouvoir et à sa fameuse traversée du désert… Connaissant les mésaventures de ses prédécesseurs sur ces trois points cardinaux du pouvoir, il organisera son pouvoir à lui, selon une modernité très particulière ; voire une allure presque tribale et papale. Voici comment :

 Fric : pétrole, énergie, mines, finances, budget, industries et privatisations, affaires étrangères, travail, transports, confiés à des proches et à des membres de la tribu et/ou du quartier et/ou issus de la rue de naissance du Président (rue des Tanneurs à Oujda).
 Cric : c’est ce pouvoir régalien qui permet de nommer ses préférés, les membres de sa famille, amis, à n’importe quel poste, à n’importe quelle fonction, à n’importe quelle mission. C’est ce même pouvoir de cric qui a construit et renforcé le clan et qui permet aux personnels et servants sélectionnés de Bouteflika de se servir exactement comme le fait leur chef à grande échelle. D’où les récents gros scandales de corruption impliquant les enfants, cousins, parents et amis des gestionnaires du pays. C’est par ce système de poussées du cric du clan et du lieu de naissance que tout le système de nomination aux grands postes de commis de l’Etat, y compris les postes de souveraineté, s’en trouve faussé, perverti et dévoyé.
 La trique : c’est tout le système de protection et de maintien de cet ordre inique, de représailles et de sanctions punitives qu’organisent solidairement et complémentairement les ministères de l’Intérieur et de la Justice, tous deux confiés, bien évidemment, au douar et à la tribu. Rien d’étonnant donc que ces départements stratégiques fonctionnent au service exclusif du chef, interdisant, emprisonnant, réprimant, exilant, empêchant tout ce qui pourrait nuire ou faire de l’ombre à sa majesté le président Bouteflika ; quitte à violer et à piétiner les lois de la République.

On comprend mieux pourquoi la justice algérienne, qui fonctionne même la nuit quand ça arrange les affaires du Président, touche si peu, si mal ou, le plus souvent, jamais à la grande corruption qui implique les amis et les proches du Président. On comprend mieux pourquoi la justice algérienne ne s’empresse pas à s’autosaisir dans les affaires flagrantes de grosses corruptions, à l’instar de ce haut responsable qui a déclaré publiquement et en plein tribunal, sûr de lui « … Oui, j’ai signé de faux documents pour favoriser le vol de six mille milliards de centimes… Je prends mes responsabilités… dezzou maâhoum ! » Ce qui veut dire en langage simple et trivial, c’est-à-dire le discours ordinaire d’un haut responsable algérien en poste : « Je vous emm… et J’emm… la République !... »

Pourquoi, donc, la police de M. Zerhouni ne s’intéresse presque jamais à la grande corruption quand elle n’est pas elle-même, un peu trop souvent même, partie prenante ? Pourquoi c’est le DRS dont ce n’est ni la vocation ni les priorités immédiates qui combat la petite et grande corruption, lui qui a tant à faire pour la sécurité stratégique et économique du pays ? Que font les polices réunies de MM. Zerhouni et Belaïz à part traquer et faire la chasse aux journalistes, poètes, harraga, grévistes, manifestants et romanciers dont les écrits ne flattent pas le Président ? Que fait notre police à part saisir des livres, écouter aux portes et surveiller les braguettes ?

 Par simple décence, je ne développerai pas ici la quatrième hurlante cardinale du pouvoir et qui rime parfaitement avec les trois précédentes. Tout ce qu’on peut en dire, c’est que c’est un élément lubrifiant de la grande corruption et du trafic d’influence jusque et y compris dans les sphères très fermées du pouvoir azizien. Ce fléau fait des ravages dans les pratiques malsaines de la gouvernance bouteflikienne. Comme le FBI et la CIA le font pour Obama, notre DRS devrait s’intéresser un peu plus souvent aux portables du Président. Les sergents d’écoute en seraient renversés. Et c’est par là, vraisemblablement et comme souvent, comme à Capoue, que ce pouvoir tombera. Dans ses propres salissures ; pas autrement. Parce qu’on tombe toujours du côté où on penche ; chez nous, plutôt chez eux, ils tombent souvent du côté où ils mangent, c’est-à-dire du côté de la grande ripaille familiale. Pas sûr, puisque la maison mère n’est pas loin et le DRS ne contrôle pas toujours le vol direct Hassi Messaoud-Houston.

Et le présidents dans tout cela ?

La question qui se pose actuellement n’est pas de savoir si le Président est au courant ou pas ou s’il est ou pas en intelligence avec ces scandales. Il est plutôt question de savoir si le Président est personnellement impliqué dans ces pillages et jusqu’à quel point. Passe sur sa condamnation par la Cour des comptes ou l’injonction par Benyahia de rapatrier l’argent des banques suisses dont il aurait été le seul ordonnateur. Le plus grave n’est pas là puisqu’il se dit, sur ce chapitre, que Bouteflika a fait l’objet d’un règlement de comptes politique et qu’il doit son sauvetage à la magnanimité bien connue de Chadli ; quoique, en matière d’intégrité et de corruption, le sieur Chadli est bien loin d’incarner l’exemplarité ou une quelconque référence de vertu ou de retenue vis-à-vis de l’argent et du patrimoine publics. Loin s’en faudrait.

Le plus grave qui est reproché à Bouteflika par la classe politique (s’il en est) c’est l’usage inconsidéré des moyens financiers, matériels et humains pour ses campagnes électorales à son profit personnel. Il lui est reproché de mélanger sciemment ses fonctions de président de la République et ses obligations de simple candidat soumis par la loi aux mêmes obligations que ses concurrents. On estime à deux mille milliards de centimes le coût moyen d’une campagne présidentielle au seul profit du candidat Bouteflika.

La dernière campagne au profit du candidat président a été estimée à trois mille milliards de centimes et où Sonatrach a dépensé, à elle seule, la bagatelle de sept cents milliards au profit des rabatteurs et des souteneurs de Bouteflika. Les subventions accordées directement ou indirectement à la presse sont exorbitantes et dépassent l’entendement. Elles dépassent les 1200 milliards (hors ardoises bien lourdes des imprimeries publiques) par presse bénéficiaire de cette charité présidentielle, il faut entendre :
 Presse privée : 53 titres de la presse privée (que personne ou presque ne lit) perçoivent environ 500 milliards sous forme de publicité émanant des entreprises et institutions publiques, c’est-à-dire l’argent du contribuable. Tout le monde connaît les règles non écrites et les critères d’éligibilité à ces cadeaux présidentiels.
 Médias dits publics : 7 titres de la PQN publique, (très peu ou pas du tout lus), la télévision unique, les 40 radios uniques et l’agence de presse unique, l’APServices perçoivent plus de 820 milliards consacrés aux couvertures et traitements privilégiés de la campagne du candidat président.

Ces dépenses faramineuses concernent uniquement la presse tous statuts confondus. Pour le reste, toute une étude reste à faire pour estimer ce que coûte réellement au contribuable algérien une campagne électorale au profit du seul candidat Bouteflika. Les chiffres donneraient le tournis. C’est aussi une forme grave de détournement et de grande corruption de l’argent et des moyens publics. Dans cette estimation, il faut évaluer aussi les autres dépenses publiques qui sont rarement évoquées et encore moins évaluées, sans compter les contributions des donateurs privés (dont on aura deviné, bien évidemment, les retours d’investissement).

 Les dépenses spécifiques des ministères et des institutions publiques.
 Les dépenses des entreprises publiques locales et nationales.
 L’utilisation des moyens de transports publics (avions présidentiels, bus publics, parcs autos).
 Les dépenses des administrations et collectivités locales. Certaines APC, seulement traversées par le candidat président, dépensent jusqu’à 10 milliards juste pour pavoiser leur douar ou blanchir des trottoirs qui n’existent pas (à défaut des consciences) ou louer de la musique, le bruit des enfants, sans oublier les crieurs infatigables de « Yahia Bouteflika », le tout finissant par un gras méchoui qu’aucune écriture comptable ne mentionnera autrement qu’en collation en l’honneur du Président. C’est encore un petit filet de corruption qui prépare aux grandes.
 Chaque wilaya dépense en moyenne 22 milliards de centimes pour recevoir convenablement le candidat président (avec ou sans inauguration). Les dépenses des wilayas pour les autres candidats concurrents sont quasi nulles.

Ces dépenses faramineuses, tout en paraissant légales et conformes à la comptabilité publique, relèvent de toute évidence du détournement à des fins personnelles des deniers et des moyens de la communauté nationale. C’est ce qu’ont souvent dénoncé avec vigueur certains responsables de partis d’opposition. En vain. Voilà qui nous conduit à une situation aussi tragique que cocasse. Bien évidemment, le Président dira comme son ministre, comme son PDG, qu’il ne sait rien de rien. Peut-il dire aussi qu’il ignorait qu’on a tout fait, tout entrepris, ministres, sénateurs et députés en tête, pour tenter de vendre aux Texans, aux vrais Texans, tout Sonatrach, le seul poumon de l’Algérie.

Quand on connaît les auteurs de cette tentative de hold-up sur le sous-sol algérien, quand on devine les gros détourneurs du pétrole algérien comme l’explique en connaissance de cause M. Malti Hocine, ce qui s’est passé à Sonatrach paraît du pipi de chat, de petits larcins grossièrement bricolés en famille et très caractéristiques des mœurs dévoyés d’une république infra-bananière. M. Khelil est toujours ministre. Pourquoi voulez-vous qu’il démissionne ? Le pétrole coule à flots. Saipem, Halliburton et Orascom sont de bons payeurs, le neveu est en sécurité en Suisse avec laquelle l’Algérie n’a pas d’accord d’extradition, le jet direct privé Hassi Messaoud/Houston fonctionne toujours hors contrôle du DRS, les appartements somptueux richement meublés par Halliburton sont toujours confortables, gais et gratuits.

Pourquoi voulez-vous qu’un ministre bien en poste quitte une si belle vie ? La vie est si belle, si courte ! Pourquoi aller gaspiller ses milliards dans les déserts d’Houston ! Ils sont fous ces journalistes d’attendre de l’honorable et très honnête ministre du Pétrole et du Gaz de démissionner. Pourquoi voulez-vous qu’un petit sergent du DRS chahute l’immense bonheur du grand Chakib que le Texas nous a prêté. Elle n’est pas belle la vie ? Ils sont vraiment fous ces journalistes qui ont l’Algérie au cœur.

Au lieu de médire sur notre bien-aimé Président et sur son très distingué ministre qui n’est au courant de rien, qui n’est pas voleur, dit-il, nos journalistes devraient plutôt s’intéresser aux mystères de l’acrasie ; cette philosophie plus algérienne que grecque qui consiste à déclarer une chose et pratiquer son exact contraire. Attention, je n’ai jamais écrit ici que le DRS devrait rapidement frapper d’ISTN certains ministres voleurs (comme M. Zerhouni le fait si vite pour les écrivains et les poètes qui poussent le pouvoir à se regarder en miroir) avant qu’ils ne prennent la clé des champs. Je ne l’ai jamais écrit. Quant à le penser, c’est une tout autre histoire !

C’est pourquoi en titrant cette contribution, j’étais tenté d’écrire kleptocratie avec un B. J’ai failli le faire, mais j’avoue humblement que j’ai eu peur de le faire. Un deuxième exil en acompte n’est pas loin et m’en a dissuadé. M. Chakib Khelil est toujours ministre et le pétrole coule toujours à flots. A Arzew comme à Houston. La vie est si belle et si courte. C’est cela la « kleb-tocratie ». C’est cela l’Algérie de Bouteflika. Elle est pas belle la vie ? C’est cela que raconte Poutakhine.

 

Par Mohamed Abassa

 


Lundi 15 février 2010

Accueil > Edition du 22 janvier 2010

L'info. au quotidien

   Opinions


Abderrahmane Mebtoul. Expert international, professeur d’université en management stratégique

 

"La corruption est un danger pour la sécurité nationale"

La corruption socialisée en Algérie menace la sécurité nationale, dont les scandales récents du Programme de développement agricole (PNDA), de différentes banques, de l’autoroute Est-Ouest (dont le montant a plus que doublé par rapport au montant initial) et de Sonatrach en sont les exemples vivants, mais qui concernent également bon nombre d’autres secteurs. Dans ce cadre, il y a lieu de faire les précisions suivantes loin des règlements de compte inutiles, car une personne même inculpée par la justice est innocente jusqu’à preuve du contraire.

 

Le récent scandale, s’il ternira l’image de Sonatrach et donc de l’Algérie expliquant la résonance internationale, puisque procurant 98% des recettes en devises, comme j’ai eu à l’affirmer récemment lors du débat à la télévision française France 24 le 15 janvier 2010, à court terme, n’aura pas de répercussions sur la production et les exportations de Sonatrach puisque depuis trois années, de nouvelles grandes compagnies étrangères d’envergure n’ont pas soumissionné et que la production et les nouvelles découvertes ont été faites soit en partenariat entre les compagnies étrangères existantes et Sonatrach ou par Sonatrach seule qui possède beaucoup de cadres compétents qui n’ont rien à envier aux étrangers.

Aussi, je pense qu’avec le temps, après la stabilisation du management, les choses reprendront leurs cours normaux sous réserve que cela entre dans le cadre d’une plus grande moralisation des institutions. Car si la corruption existe dans tous les pays du monde, comme en témoignent les scandales financiers mis en relief pendant l’actuelle crise mondiale, elle est relativement faible en rapport à la richesse globale créée. En Algérie, elle s’est socialisée touchant toutes les sphères de la vie économique et sociale remettant en cause la sécurité nationale du pays.

Il faut aller vers le contrôle démocratique de deux segments stratégiques, la production de la rente des hydrocarbures (donc Sonatrach) et la distribution de la rente des hydrocarbures (tout le secteur financier) puisque l’ensemble des secteurs public et privé sont irrigués par cette rente. D’ailleurs, invoquer des taux fantaisistes pour 2009 de 10% de taux de croissance et de 10,2% de taux chômage (taux officiel incluant les sureffectifs des administrations et des entreprises publiques, les emplois temporaires de 3 à 5 mois au titre de la solidarité nationale, et d’une manière générale tous les emplois fictifs improductifs), alors que la Banque mondiale vient d’annoncer un taux de chômage pour l’Algérie de 25%, la sphère informelle non comprise, relève de l’utopie.

L’extension de la sphère informelle n’est que le produit du terrorisme bureaucratique, qui tire sa puissance dans l’existence de cette sphère puisque fonctionnant dans un espace de non-droit et favorisant la corruption, renvoyant, pour dominer son influence, à la refonte de l’Etat et à la mise en place de mécanismes de régulation transparents. En effet, comme je l’ai rappelé souvent, la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption renvoie à la question de bonne gouvernance, de démocratie, de rationalisation de l’Etat dans ses choix en tant qu’identité de la représentation collective.

Concernant l’aspect économique en Algérie, il faut s’interroger sur le faible impact des 200 milliards de dollars d’investissements publics entre 2005/2009 sur la sphère économique et donc sur la sphère sociale : corruption (surfacturation) ou mauvaise gestion des projets devant responsabiliser les cadres dirigeants, mais également l’inefficacité des institutions de contrôle et des ministères. Car nous assistons à une gestion administrative avec différentes interférences où souvent les gestionnaires ne sont pas libres de manager leurs entreprises. Sont-ils réellement les seuls responsables ? Qu’en sera-t-il des 150 milliards de dollars programmés 2010/2014 ?

La lutte contre la corruption n’est pas une question de lois ou de commissions, vision bureaucratique, autant que la lutte contre la hausse des prix ; comme le paradoxe de vouloir revoir récemment les statuts du Conseil national de la concurrence qui d’ailleurs n’a jamais fonctionné depuis sa création (plus de 15 années), comme ce gel inexplicable de la Cour des comptes, comme si les modifications des statuts de ce Conseil allaient par enchantement faire baisser les prix. Ce sont les pratiques d’une culture dépassée, l’expérience en Algérie montrant clairement que les pratiques sociales quotidiennement contredisent le juridisme.

Il est utile de rappeler que le président de la République, lors de l’année judiciaire le 28 octobre 2009, se donne pour objectif de combattre la corruption, la bureaucratie dévalorisant le couple intelligence/travail sur lequel doit reposer tout développement fiable et donc d’asseoir un Etat de droit. Ce rêve si cher à tous les Algériens sera-t-il réalisé ? Car comment mobiliser les citoyens au moment où certains responsables au plus haut niveau ou leurs proches sont impliqués ou supposés impliqués dans les scandales financiers ?

En fait, cela implique la refonte de l’état et donc une nouvelle gouvernance si l’on veut combattre efficacement la corruption qui gangrène tout le corps social et qui tend, malheureusement, à être banalisée alors qu’elle constitue le pus grand danger pour la sécurité nationale, pire que le terrorisme qu’a connu l’Algérie entre 1990/2000.

Par Docteur AbderrAhmane Mebtoul

 

Wagner le 17.02.10 à 12:25 dans q/ Et pendant ce temps là en Algérie. - Lu 980 fois - Version imprimable
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