Proposer une devise
"Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Albert Camus// "La vérité jaillira de l'apparente injustice." Albert Camus - la peste// "J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'intarissable espérance." Jacques Berque// « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot 'barbare'. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du 'Tamazirt', la langue, et d''Amazir', ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l'homme libre ? » Kateb Yacine// "le français est notre butin de guerre" Kateb Yacine.// "Primum non nocere" (d'abord ne pas nuire) Serment d'Hippocrate// " Rerum cognoscere causas" (heureux celui qui peut pénétrer le fond des choses) Virgile.// "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus.Sommaire
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D'Algérie-Djezaïr
Le MOUVEMENT D’Algérie-Djezaïr vient d’être officialisé par plus d’une centaine de membres fondateurs résidant dans le monde entier, ce 22 juin 2008 à Saint Denis (Paris - France). Il est ouvert à toutes celles et ceux qui voudront le rejoindre, natifs d'Algérie, et leurs descendants.ORGANISATION
Elle est démocratique, c'est-à-dire horizontale, sans centralisme, et sans direction. Les décisions essentielles doivent être conformes à l’esprit du Texte Fondateur. Elles sont prises après larges consultations, où tous les membres donnent leurs opinions. Les règles internes sont arrêtées par les "adhérents". Pas de cotisations. Les groupes et le Mouvement trouvent les moyens de faire aboutir leurs actions.Alger en septembre 1956 comme pour préfigurer Oran le 05 juillet 1962
Témoignage lors de la Conférence Camus et le terrorisme le 23 octobre par le MPCT
TÉMOIGNAGE DE NICOLE GUIRAUD SUR L’ATTENTAT DU MILK BAR Á ALGER
(30 Septembre 1956)
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Le dimanche 30 septembre 1956 était une belle journée de fin d’été, et la veille de la rentrée scolaire.
Je venais d’avoir 10 ans. Je demandais á mes parents de sortir avec moi faire un tour. Ma mère et ma sœur étant occupées, je sortis seule avec mon père.
Nous venions de longer le boulevard du Front de Mer pour admirer les bateaux ancrés dans la rade d’Alger. Les rues du centre ville grouillaient de promeneurs, de familles rentrant de la plage et s’installant paisiblement aux terrasses des cafés. Dans la rue d’Isly, mon père me demanda si j’avais envie d’une glace. J’attendais sa question et acquiesçais avec enthousiasme. Les meilleures glaces, c’était celles du Milk Bar, un glacier réputé d’Alger.
Là aussi il y avait beaucoup de monde, surtout des familles avec leurs enfants. Impossible de trouver
une table libre. Mon père commanda donc pour moi un cornet, afin de le déguster sur le chemin du retour.
Je me souviens encore que nous nous trouvions prés du comptoir, et j’avais la glace á la main.
Nous nous apprêtions á sortir lorsque l’explosion eut lieu. Il était 18h 35.
Ce fut un bruit assourdissant, avec un brouillard de fumée et de poussière jaunâtre si épais qu’il m’aveuglait, des objets fracassés volant de tous cotés et surtout un souffle si puissant qu’il me souleva
et me projeta hors du local. Partout autour de moi, le chaos et une panique indescriptible.
Je me retrouvais allongée sur le trottoir, au milieu d’une foule hurlante et affolée qui s’enfuyait en me
piétinant sans me voir. J’essayais de me relever en appellant “papa, papa..!” car je ne savais plus oú
était mon père. Le nuage de fumée opaque m’empêchait de discerner ce qui se passait autour de moi,
les cris et les hurlements couvraient ma voix. C’est alors que je remarquais que ma robe était imbibée de sang. La détonation m’avait rendue sourde mais je continuais á appeler mon père, qui arriva enfin,
lui aussi me cherchant partout parmi les blessés gisant au sol au milieu des gravats.
Il me souleva tout en appellant des secours.. Des gens commençaient á arriver, puis deux soldats du
contingent m’enlevèrent des bras de mon père qui lui-même atteint á la jambe ne pouvait plus se tenir
debout, et ils me firent un garrot car je me vidais de mon sang..
Les militaires firent stopper une voiture et nous accompagnèrent au service des urgences de l’hôpital Mustapha.
Je n’ai qu’un souvenir confus de ce trajet car je n’étais qu’á demi consciente et ne revenais á moi que
pendant de courts instants, lorsqu’un accompagnateur devait desserrer le garrot.
Je voyais bien que mon bras gauche complètement sectionné ne “répondait “plus, ne m’appartenait déjà plus. Je jouais avec les doigts de ma main inerte comme avec ceux d’une poupée.
Je ne ressentais pas de douleur. Encore sous le choc, j’étais trop “sonnée” pour ça. Mais je savais que j’allais mourir bientôt. Et je comprenais que je venais de vivre une de ces explosions á la bombe dont
parlaient les adultes, lors de précédents attentats.
Lorsque la voiture arriva enfin dans la cour de l’hôpital oú affluaient des ambulances improvisées, les brancardiers me déposèrent sur une civière, ainsi que mon père dont la jambe ruisselait de sang.
Je me souviens très bien de cette autre scène terrifiante qui nous attendait à l’intérieur. J’avais eu le temps de voir comme dans un cauchemar les couloirs remplis de corps ensanglantés, blessés et morts
allongés sur des civières ou á même le sol, les murs et le carrelage maculés de sang.
Il y avait du sang partout. Les blessés criaient, gémissaient, appelaient à l’aide.. Je me sentais faiblir de plus en plus. On nous a d’abord installés sur des chaises le long des murs d’une salle bondée de blessés. Car il y avait eu au même moment deux autres attentats très meurtriers dans d’autres points de la ville, et les blessés affluaient de toutes parts.
Les infirmières et les médecins présents étaient débordés. L’un d’eux passa parmi nous et nous fit une piqûre “pour soutenir le coeur”. Blottie contre mon père, je m’évanouissais, je reprenais conscience, et
m’évanouissais á nouveau…. L’attente était insoutenable, l’angoisse terrible - surtout pour mon père qui avait gardé sa lucidité.
Enfin, mon tour arriva de passer en salle d’opération.
Je dus rester plusieurs semaines á l’hôpital au coté de mon père atteint de surdité définitive causée par
la déflagration, et dont la blessure á la jambe présentait une gangrène.
Je dus subir plusieurs interventions consécutives á mon jeune age : problèmes de croissance et blessure
á la taille due á un éclat de bombe qui m‘aurait coupée en 2 si mon bras n‘avait servi “d‘amortisseur“,
et qui représentèrent pour moi une épreuve terrible, autant sur le plan physique que psychique.
Puis ce fut la longue phase de rééducation (sans aucun autre soutien que celui de mes proches car les cellules de crise psychologique n‘existaient pas encore en ces débuts de terrorisme urbain) et le lent et douloureux apprentissage de ma vie d’infirme oú je dus me familiariser avec mon nouveau corps, et
surtout apprendre á “gérer”, á 10 ans á peine, une expérience qui m’avait confronté brutalement á la
noirceur absolue du monde des adultes..
Quelques années plus tard, au bout d’une guerre fratricide qui causa tant de morts et des souffrances inouïes dans tous les camps, l’Algérie obtint son indépendance - célébrée le 5 juillet 1962.
Ce jour-lá á Oran, en fin de matinée, alors que l’Armée française demeurait inactive sur ordre, com-
mencérent des massacres dans toute la ville á l’encontre de civils européens (plusieurs centaines de morts et disparus) et musulmans (bilan inconnu). Ils furent le fait d’éléments armés algériens et de civils. Lynchages, exécutions sommaires, actes de torture, enlèvements - pendant 6 heures. A 17 h.
seulement des gendarmes mobiles interviendront et rétabliront le calme. Ce massacre a toujours été occulté et nié. De 1962 a ce jour : SILENCE.
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Comment survivre á de tels traumatismes ?
- En ce qui me concerne, ce fut grâce á un long soutien psychologique et aussi á la création artistique associée á mon engagement humanitaire que j’y parvins, petit á petit
- Pour les familles des disparus du 5 juillet 1962 á Oran, ce ne sera que grâce á une reconnaissance officielle de cette tragédie, égale en horreur á celle d’Oradour-sur-Glane.
Par compassion pour les familles, par esprit de justice, une pétition internationale vient d’être élaborée
par le “Collectif pour la vérité sur le massacre du 5 juillet 1962 á Oran”, dont je fais partie.
Le texte intégral de la pétition -traduit en 11 langues - ainsi que la liste des sites oú la signer, sont mis
ici á la disposition du public intéressé.
Soyons certains qu’Albert Camus aurait,lui aussi, soutenu le combat de ces familles et de ces victimes.
Nicole Guiraud
Victime de l’attentat du Milk Bar á Alger, 1956
Membre du “collectif Oran - 5 juillet 1962”
Artiste plasticienne
Wagner
le 19.10.13 à 14:20
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