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D'Algérie - Djezaïr
Mouvement de réconciliation

Proposer une devise

"Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Albert Camus// "La vérité jaillira de l'apparente injustice." Albert Camus - la peste// "J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'intarissable espérance." Jacques Berque// « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot 'barbare'. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du 'Tamazirt', la langue, et d''Amazir', ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l'homme libre ? » Kateb Yacine// "le français est notre butin de guerre" Kateb Yacine.// "Primum non nocere" (d'abord ne pas nuire) Serment d'Hippocrate// " Rerum cognoscere causas" (heureux celui qui peut pénétrer le fond des choses) Virgile.// "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus.

D'Algérie-Djezaïr

Le MOUVEMENT D’Algérie-Djezaïr vient d’être officialisé par plus d’une centaine de membres fondateurs résidant dans le monde entier, ce 22 juin 2008 à Saint Denis (Paris - France). Il est ouvert à toutes celles et ceux qui voudront le rejoindre, natifs d'Algérie, et leurs descendants.

ORGANISATION

Elle est démocratique, c'est-à-dire horizontale, sans centralisme, et sans direction. Les décisions essentielles doivent être conformes à l’esprit du Texte Fondateur. Elles sont prises après larges consultations, où tous les membres donnent leurs opinions. Les règles internes sont arrêtées par les "adhérents". Pas de cotisations. Les groupes et le Mouvement trouvent les moyens de faire aboutir leurs actions.

Un autre débat est ouvert.

repentance, excuses, ou oualou...?

Georges Morin, originaire de Constantine, ouvre le bal dans une communication au "Monde" le 14/02/2010.

Remarque personnelle : c'est fou comme certains ont plus facilement accés aux grands médias, ou presque, qui font et défont l'opinion, l'éclairant aussi, que d'autres tout aussi pertinents dans leurs remarques et analyses, mais ne semblant pas correspondre forcément "à l'air du temps" . Au "Monde" a démontrer le contraire en ouvrant ses pages au débat démocratique par l'expression des différents points de vue, à condition d'éviter le piège de polémiques stériles n'aidant en rien la réconciliation éprouvée, attendue, par beaucoup de ceux ayant l'Algérie au coeur.



Point de vue

France-Algérie, la guerre des mémoires, par Georges Morin

LE MONDE | 13.02.10 | 13h43


ardi 9 février, toutes les rédactions, à Alger comme à Paris, ne parlent plus que de cela : "Une loi algérienne va criminaliser la colonisation." Dans les milieux politiques des deux pays, les déclarations incendiaires se répondent d'une rive à l'autre. Mercredi 10 février : plus un seul écho, plus une seule ligne, plus une seule déclaration sur le sujet ! C'est là pour le citoyen lecteur ou auditeur un premier sujet d'étonnement !...

 

Il faut donc en revenir aux faits puis tenter une explication. Les faits : un député du groupe FLN à l'Assemblée populaire nationale (ANP) a déposé le 13 janvier une proposition de loi signée par 125 de ses collègues appartenant à la majorité présidentielle. Le bureau de l'APN a renvoyé le texte à son auteur pour "vice de forme" : premier bémol. S'il réapparaît à la session de printemps, et s'il est mieux écrit, encore faudra-t-il, rappelle-t-on à Alger, que le gouvernement, maître de l'ordre du jour, accepte de l'inscrire au programme de l'Assemblée : deuxième bémol. Mais, comme toujours dans notre monde d'information accélérée, on n'aura entendu que le dépôt de la proposition et pas les deux bémols.

La tentative d'explication maintenant : il faut, pour comprendre, remonter jusqu'à l'an 2000 et la visite en France du nouveau président algérien. Un Abdelaziz Bouteflika qui, depuis son élection en 1999, ouvre les portes et les fenêtres pour réconcilier l'Algérie avec elle-même au sortir des "années noires" et pour lui redonner son rang international : il réhabilite tous les héros "oubliés" de la lutte de libération, il use ostensiblement de la langue française, il revendique saint Augustin et Albert Camus, il parie sur le renforcement des liens d'une Algérie souveraine et décomplexée avec l'ancien colonisateur.

A Paris, Jacques Chirac et Lionel Jospin cohabitent mais ils n'ont pas l'ombre d'une divergence sur l'importance des relations franco-algériennes. C'est ce trio qui va lancer la grande idée d'une "Année de l'Algérie en France" pour 2003. En mars, le refus de la France de participer à la seconde guerre d'Irak va porter la popularité de Chirac à son zénith, dans le monde arabe en général et en Algérie en particulier. Les turbulences vont commencer quelques mois plus tard. A Paris, un calamiteux amendement législatif sur "le rôle positif de la colonisation", adopté en catimini par l'Assemblée nationale, va révulser les Algériens, qui ne comprennent pas que le président français ne tienne pas ses troupes.

Quel était donc le vrai discours de la France ? Les "représailles" commencent alors, avec les demandes de "repentance", les excès verbaux sur les "fours crématoires" et le "génocide". En 2007, Jacques Chirac est en visite à Madagascar. Il condamne, dans un discours solennel, la répression sanglante de 1947. Beaucoup d'amis algériens, hors des cercles du pouvoir, me diront aussitôt après, "Pourquoi Chirac ne nous a-t-il pas dit, à Alger, ne serait-ce que la moitié de ce qu'il a dit aux Malgaches ?" Et puis, c'est l'enchaînement, la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, à coups de "racailles", de "Kärcher" et d'"identité nationale". Rien n'y fera, là aussi : ni le soin mis ensuite par le nouveau président à se rendre prioritairement au Maghreb et en Algérie au lendemain de son élection, ni sa nouvelle politique méditerranéenne, ni plus tard le remarquable discours de décembre 2007 à l'université de Constantine, où il souligne le caractère "injuste par nature" du système colonial... "une entreprise d'asservissement et d'exploitation".

Malheureusement, le soir même, le président français reçoit à l'Elysée des "associations de pieds-noirs et de harkis". Il tente d'expliquer à ses interlocuteurs, comme s'il devait s'en excuser, les motivations de son voyage en Algérie et... de son discours du matin !

Après quelques mois d'accalmie, l'année 2009, avec son cortège d'affaires judiciaires, de débat nauséabond sur l'identité nationale et l'immigration, puis de l'humiliant classement de l'Algérie dans la liste des pays "à haut risque" en matière de transport aérien, les "représailles" classiques ont donc fait leur réapparition du côté d'Alger. Et certains de dégainer à leur tour, au sein de la classe politique française, pour proposer, "en représailles", de surseoir à la ratification de la convention cadre de partenariat franco-algérien, que la majorité de la droite et les partis de gauche auront la sagesse d'adopter, sans coup férir, dans la même journée de mardi. Fermez-le ban !

Conclusion de ce nouvel épisode tragi-comique ? La France et l'Algérie sont toujours malades des pages tragiques de leur histoire commune, et certains, à Paris comme à Alger, n'ont de cesse de rouvrir les plaies et d'instrumentaliser à des fins électorales les souffrances anciennes des uns et des autres. Chacun des deux gouvernements, même s'il finit par calmer le jeu, garde toujours en réserve ces quelques tireurs de flèches empoisonnées. Et cela, alors même que la coopération entre les deux pays continue à fonctionner.

Cette "guerre des mémoires", quarante-huit ans après l'indépendance, devient vraiment insupportable. Le peuple algérien éprouve pour la France et les Français une amitié dont tous ceux qui se rendent dans ce pays ne cessent de témoigner. Mais il garde aussi, au sein de chaque famille, les souvenirs amers de la conquête, de la colonisation et de la guerre de libération. Pourquoi l'Etat français, au plus haut niveau, ne pourrait-il reconnaître, avec des mots simples, forts et dignes, sa responsabilité historique dans les malheurs qu'a entraînés, pour le peuple algérien, l'occupation injustifiable, le système colonial inique et les répressions impitoyables qui ont jalonné les 132 ans de sa "présence" outre-Méditerranée ?

Ce n'est pas aux Français de 2010, qui ne sont "coupables" de rien, d'en porter le poids et d'exprimer une quelconque repentance. C'est encore moins aux Français d'Algérie de le faire, alors qu'ils sont des victimes évidentes de cette histoire tragique. C'est à l'Etat français d'assumer son héritage : Jacques Chirac a su le faire en 1995 envers les juifs de France en reconnaissant la responsabilité de l'Etat dans la rafle du Vél' d'hiv. Lionel Jospin a su le faire en 1997 envers les descendants des fusillés de 1917 en reconnaissant la responsabilité de l'Etat dans la répression des mutineries de la Grande Guerre. L'un et l'autre ont su ainsi apaiser les souffrances mémorielles. L'un et l'autre en sont sortis grandis.

Alors, Monsieur le président ?


Préside le réseau des villes françaises partenaires de villes algériennes,

auteur de

"L'Algérie, idées reçues"

(Le Cavalier bleu, 2007)

 

Georges Morin

Article paru dans l'édition du 14.02.10



Réponse de Jean-Claude Xuereb, écrivain, à Georges Morin:


                le 16 février 2010

 

 

 

 

 

                        Lettre ouverte à Georges Morin

                        Ou : comment soigner une ‘’mémorite aiguë’’

 

Mon cher Georges,

            Les conclusions de ton article paru dans le Monde des 14-15 février 2010,sous le titre ‘’France-Algérie, la guerre des mémoires…Que l’Etat français reconnaisse ses fautes !’’, témoignent d’un bel optimisme, sinon d’une singulière naïveté : tu préconises en effet une déclaration solennelle du Président de la République qui reconnaisse la culpabilité de la France face aux méfaits du colonialisme, comme le remède radical pour guérir un nouvel accès de ‘’mémorite aiguë’’ dont semblent atteints certains membres du FLN, ‘’tireurs de flèches empoisonnées’’.

                        Une telle forme de ‘’nostra culpa’’ a, tu le notes toi-même dans cet article, déjà été pratiquée, notamment dans un discours officiel exempt de toute ambiguïté, prononcé par le Chef de l’Etat à l’Université de Constantine en décembre 2007. Il faut bien admettre l’inefficacité du remède que tu proposes.

                        ‘’La vérité exprimée sans compromis a toujours des bords déchiquetés’’. Camus et Char aimaient à citer cette formule incisive d’Herman Melville. En l’occurrence, la vérité, inavouée et inavouable, réside dans le fait que, sous une apparence démocratique qui ne trompe personne, le pouvoir est détenu en Algérie, depuis bientôt un demi siècle, par une oligarchie militaro-politico-financière qui s’est substituée à la défunte oligarchie coloniale. Cette oligarchie ne manque pas d’activer, comme un spectre encore menaçant, l’épouvantail caricatural de l’ancienne puissance coloniale. Elle utilise ce stratagème en guise de bouc émissaire, de manière récurrente, pour distraire le peuple algérien de son mal être et masquer le fiasco politique, économique et social qui accompagne le détournement d’une colossale rente pétrolière. Faisant coup double, le régime entretient par ce biais une haine raciale et religieuse qui sert de fonds de commerce, y compris en France, à la propagande intégriste.

                        Mieux vaut, pourrait-on objecter, le maintien d’un tel régime plutôt que l’instauration d’une théocratie. Il faut malheureusement constater que les tares des deux systèmes se cumulent. Peut-être, après tout, s’est-il établi entre eux, un fragile ‘’équilibre de la terreur’’. Cette analyse ne me semble pas tellement éloignée des sombres prémonitions de Camus, dût-elle déranger un certain Docteur honoris causa de l’Université d’Alger, ainsi que l’ami qui lui a décerné ce titre en même temps qu’il a attribué à l’auteur d’’’Actuelles’’ un brevet de citoyen algérien.

                        Cette vérité là, mon cher Georges, tu la connais bien, comme la connaissent nombre d’algériens, sans oser la proclamer. Assurément, tu ne la diras pas toi non plus, car tu as le souci de ne pas compromettre tes bonnes relations avec les gouvernants actuels de ce malheureux pays, qui encouragent tes voyages, tes rencontres et tes déclarations lénifiantes, pourvu que tu ne remettes pas en cause leur pernicieuse pérennité.

                        Il y aurait encore beaucoup à dire sur les silences et les travestissements dont est tissée l’histoire officielle de la présence française, telle qu’elle est enseignée en Algérie et écrite, de ce côté-ci de la mer, par des historiens réputés fiables. Ton pieux silence à cet égard dans ton opuscule ‘’Idées reçues-l’Algérie’’ en apporte une preuve flagrante, que seule la brièveté de cet ouvrage pourrait excuser.

                        Ceci dit, je salue les efforts persévérants que, grâce à ton entregent naturel et à une équipe dévouée, tu déploies depuis des décennies, à travers l’Association ‘’Coup de Soleil’’, pour rapprocher, contre vents et marées, dans une rigoureuse égalité et dans un respect mutuel, les hommes et les femmes des deux rives de la Méditerranée.

 

                        Reçois mon cher Georges, mes sincères salutations.

 

 

                                                           Jean-Claude Xuereb


A la suite de ces échanges à partir de la lettre de G.Morin au "Monde", des remarques antérieures mais parfaitement dans l'objet,remontant au lancement d'une pétition sur le thème "d'excuses à présenter à L'Algérie" en 2007, les propos à ce sujet de Guy Pervillé, historien et de Jean-Pierre Lledo, cinéaste algérien. Ils éclairent grandement ce débat:

              

A propos de la pétition : « France-Algérie : dépassons le contentieux historique »

 

Une pétition intitulée « France-Algérie : dépassons le contentieux historique », et sous-titrée « Le voyage à Alger de Nicolas Sarkozy doit être l’occasion de faire face au passé et de penser l’avenir »,  a été publiée dans Le Monde du samedi 1er décembre 2007, p. 19, et dans L’Humanité à la même date. Ces journaux ont donné une sélection des premiers signataires qu’ils ont jugés les plus importants, tout en renvoyant pour la liste complète, rassemblant des centaines de noms, au site internet de la Ligue des droits de l’homme de Toulon  (http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2382). En Algérie, les journaux El Watan en français et Al Khabar en arabe se sont chargés de relayer simultanément la même initiative.

 

Ayant été invité à donner mon avis sur les premières versions de ce texte par ses initiateurs à la fin de septembre dernier, je leur avais fait connaître un avis critique. Après avoir lu son état final, je me suis sincèrement demandé si je pouvais et devais rajouter ma signature à celle des centaines de  personnes, français et algériens, qui lui ont donné les leurs. Réflexion faite, je crois que le choix le plus utile est  de faire connaître le plus clairement possible mes points d’accord et de désaccord. Je présenterais donc successivement le pour, le contre, et un essai de synthèse.

 

Le  pour

 

La lecture du texte suivant l’ordre des paragraphes en fait apparaître la logique, et permet de répondre aux principales objections qu’il peut susciter.

 

- « Le passé colonial ne cesse de resurgir, faisant obstacle à des relations apaisées entre la France et les pays qu’elle a autrefois colonisés. Dans ce passé, l’Algérie a une place particulière, en raison des drames qui s’y sont déroulés. Aujourd’hui encore, trop souvent, l’évocation de la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962) est soumise à la concurrence des victimes, avec leurs souffrances et leurs mémoires, alors que l’ensemble des citoyennes et citoyens des deux rives de la Méditerranée aspirent à passer à autre chose. Mais pour construire un avenir de partage, il faut, au présent, regarder en face le passé. »

- Cette introduction pose bien le problème des rapports entre le présent, le passé et l’avenir. Elle ne suscite pas, me semble-t-il, d’objection fondamentale.

 

- « L’histoire apprend, au premier chef, que le système colonial, en contradiction avec les principes affichés par la République française, a entraîné des massacres de centaines de milliers d’Algériens ; et qu’il les a dépossédés, "clochardisés" - pour reprendre le terme de l’ethnologue Germaine Tillion - à une grande échelle, exclus de la citoyenneté, soumis au code de l’indigénat, et sous-éduqués, au déni des lois en vigueur. »

- Ce paragraphe résume à grands traits la conquête et la colonisation de l’Algérie par la France. Le constat, même s’il est pénible à admettre pour ceux qui préfèrent garder une image beaucoup plus positive de la colonisation française, ne peut pas être sérieusement réfuté. Le seul point discutable est la notion de « système colonial », qui suppose que rien dans la dite situation n’est arrivé par hasard, mais que la domination et l’exploitation des colonisés par les colonisateurs étaient des faits prémédités.

 

- « Elle nous apprend aussi qu’il y eut de multiples souffrances de Français, parfois déportés en Algérie pour raisons politiques, ou embrigadés dans les guerres coloniales, ou encore pris dans un système dont ils sont devenus, à son effondrement, les victimes expiatoires - comme l’ont été les harkis, enrôlés dans un guêpier qu’ils ne maîtrisaient pas -, sans compter ceux qui ont soutenu l’indépendance algérienne et qui en ont payé le prix. »

- La notion de « système » se retrouve ici, mais cette fois-ci elle s’oppose clairement à la culpabilisation des Français d’Algérie et des « harkis », lesquels sont rangés parmi les « victimes expiatoires » du système colonial. Ce point, favorable à une réconciliation des anciens ennemis, mérite d’être signalé.

 

- « Quelles qu’aient été les responsabilités de la société, c’est bien la puissance publique française qui, de 1830 à 1962, sous la Vème République, a conduit les politiques coloniales à l’origine de ces drames. Sans omettre la complexité des phénomènes historiques considérés, c’est bien la France qui a envahi l’Algérie en 1830, puis l’a occupée et dominée, et non l’inverse : c’est bien le principe des conquêtes et des dominations coloniales qui est en cause. »

- Ce paragraphe-clé risque de provoquer, et a sans doute déjà provoqué, des réactions instinctives de rejet de la part de ceux qui se considèrent toujours comme les principales victimes de la guerre d’Algérie ou, tout au moins, de son issue finale. Pourtant, le constat n’est guère contestable, si l’on continue à distinguer comme l’a fait le paragraphe précédent les destins individuels souvent tragiques et les responsabilités politiques de l’Etat français, sur lesquelles nous reviendrons plus tard.

 

- «  En même temps, nous sommes attentifs aux pièges des nationalismes et autres communautarismes qui instrumentalisent ce passé. Ainsi qu’aux pièges d’une histoire officielle qui utilise les mémoires meurtries à des fins de pouvoir, figeant pour l’éternité la France en puissance coloniale et l’Algérie en pays colonisé. Et c’est précisément pour les déjouer - comme pour déjouer les multiples formes de retour du refoulé - que nous voulons que la souffrance de toutes les victimes soit reconnue, et qu’on se tourne enfin vers l’avenir. »

- Ce paragraphe complète et clarifie très utilement le précédent en récusant formellement une histoire officielle anticoloniale qui est bien évidemment, même si cela n’est pas dit, l’histoire officielle algérienne. Par là, les auteurs de ce texte rendent crédible leur volonté « que la souffrance de toutes les victimes soit reconnue, et qu’on se tourne enfin vers l’avenir ».

 

- « Cela peut être accompli non par des entreprises mémorielles unilatérales privilégiant une catégorie de victimes, mais par un travail historique rigoureux, conçu notamment en partenariat franco-algérien. Plus fondamentalement, dépasser le contentieux franco-algérien implique une décision politique, qui ne peut relever du terme religieux de "repentance". Et des "excuses officielles" seraient dérisoires. Nous demandons donc aux plus hautes autorités de la République française de reconnaître publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie. Une reconnaissance nécessaire pour faire advenir une ère d’échanges et de dialogue entre les deux rives, et, au-delà, entre la France et les nations indépendantes issues de son ancien empire colonial. »

- Cette conclusion mérite une attention particulièrement soutenue. La première phrase, rejetant les « entreprises mémorielles unilatérales privilégiant un catégorie de victimes », risque d’être très mal prise par ceux qui ont l’impression (malheureusement fondée par de nombreux exemples jusqu’à présent) que les diverses catégories ne sont pas également traitées suivant qu’elles sont cataloguées comme victimes ou comme agents du colonialisme. Et pourtant, les deux phrases suivantes devraient leur plaire en ce qu’elles rejettent l’exigence algérienne d’une « déclaration de repentance » et même d’ « excuses officielles » de la France. En effet, la phrase essentielle de la conclusion demande aux « plus hautes autorités de la République française  de reconnaître publiquement l’implication première et essentielle de la France dans les traumatismes engendrés par la colonisation en Algérie ». Cette formulation, différente des expressions qui viennent d’être rejetées, peut sembler fade, mais elle a le mérite de se distinguer nettement des formules correspondant aux revendications officielles de l’Algérie. Ce n’était pas le cas, je peux en témoigner, de la première version proposée le 25 septembre dernier, qui demandait une « déclaration de reconnaissance de responsabilité de la puissance publique dans l’élaboration et la conduite de politiques coloniales discriminatoires et souvent violentes ». J’avais alors exprimé deux objections contre cette demande.

 

D'abord, le désaveu de cette politique erronée a déjà été accompli dans les faits par le général de Gaulle, non sans difficultés ni déchirements. Il a remplacé le principe chimérique de l'Algérie française et de l'intégration à la France par celui de l'autodétermination, puis par celui du droit à l'indépendance de l'Algérie, représentée par le FLN. Il a fait face à toutes les conséquences de ce retournement de politique (mini-guerre civile contre l'OAS, représailles du FLN contre les Français d'Algérie et contre les Français musulmans, exode massif des "rapatriés" et reclassement de ceux-ci en France, perte de tous les biens nationalisés par l'Algérie le plus souvent sans indemnisation, financement du déficit budgétaire de l'Etat algérien par l'Etat français) jusqu'à la nationalisation du pétrole et du gaz, qui a donné à l'Algérie les moyens de son indépendance économique en 1971. Depuis lors, il me semble évident que l'Algérie coloniale a entièrement cessé d'exister, et que l'Algérie indépendante a désormais les moyens de son indépendance. Cette "responsabilité de la puissance publique française" ne concerne donc, à mon avis, qu'un passé déjà lointain, vieux de plus d’un demi-siècle.

 

Dès lors, elle appartient à l'histoire, mais appartient-elle encore à la politique actuelle ? Qui peut aujourd'hui se reconnaître responsable des torts subis par l'Algérie du fait de la France entre 1830 et 1962 ? Pour ce qui est des choix fondamentaux erronés du début, personne, car Charles X et Bourmont, Louis-Philippe et Bugeaud, sont tous morts depuis longtemps ; de plus, le suffrage universel masculin n’existe en France que depuis 1848, après l’épisode décisif  de la conquête de l’Algérie. Même le général de Gaulle est mort depuis trente-sept ans déjà, en 1970. Les présidents en fonction jusqu’au début de cette année 2007 avaient tous connu le problème algérien comme problème politique actuel, et participé plus ou moins directement à  la guerre d’Algérie. Mais le nouveau président de la République, plus jeune que son prédécesseur de près d’un quart de siècle, est né en 1955 (dix ans après le 8 mai 1945), et il avait sept ans en 1962 !  Il est temps de nous habituer à l'idée que la guerre d'Algérie est à son tour sortie de l'actualité (même si les retours de mémoire donnent une impression contraire) et qu'elle va bientôt rejoindre la conquête coloniale dans le passé révolu qui appartient incontestablement à l'histoire. La grande majorité de nos concitoyens n'a pas vécu la période coloniale, guerre d'Algérie comprise, en tant que citoyens responsables disposant du droit de vote.

 

Peut-être m'objectera-t-on que l'Etat ne se confond pas avec la personne éphémère de ses dirigeants, mais ce raisonnement ne peut pas être poursuivi à l'infini sans tomber dans l'absurde : si nous devons assumer la responsabilité politique des régimes successifs de l'Etat qui est le nôtre, pourquoi nous arrêter en 1830 ? Pourquoi ne pas remonter jusqu'à Hugues Capet, ou même jusqu'à Clovis ? Et pourquoi ne devrions-nous pas reprocher aux Berbères, nos anciens compatriotes de l'Empire romain, d'avoir envahi l'Espagne et la Gaule en acceptant de renforcer leurs conquérants arabes musulmans? Il ne manque malheureusement pas aujourd'hui de partisans de mémoires nationales, raciales ou religieuses qui ignorent totalement la différence entre le passé et le présent. Ce n'est pas en les confondant nous aussi que nous défendrons la cause trop méconnue de l'histoire, qui ne se confond pas avec la ou les mémoires.

 

La nouvelle rédaction de ce manifeste me paraît donc avoir tenu un juste compte de mes objections. Mais c’est la lecture de sa dernière phrase  qui fait renaître mon inquiétude : la reconnaissance de responsabilité historique demandée à la France est qualifiée de « nécessaire pour faire advenir une ère d’échanges et de dialogue entre les deux rives » de la Méditerranée, mais est-elle pour autant suffisante ? 

 

Le contre

 

La principale objection que l’on puisse faire à ce texte tient au fait qu’il ne s’adresse qu’au président de la République française, comme si la réconciliation franco-algérienne ne dépendait que de lui. Cette impression est renforcée par sa diffusion en Algérie autant qu’en France, et par le soin qui a été pris de réunir les signatures d’Algériens autant que de Français. Dans ces conditions, on s’attendrait logiquement à le voir adressé également aux chefs des deux Etats, mais le fait est qu’il ne demande apparemment rien au président de la République algérienne. La dernière phrase de la conclusion se contente d’évoquer le bienfait attendu de la déclaration demandée au président français, « une reconnaissance nécessaire pour faire advenir une ère d’échanges et de dialogue entre les deux rives, et, au-delà, entre la France et les nations indépendantes issues de son ancien empire colonial » .  Mais elle ne garantit pas que cette reconnaissance serait suffisante pour mettre fin aux revendications mémorielles de l’Algérie, résumées par les formules rejetées plus haut de « repentance » et d’ « excuses officielles ». Cette lacune est peut-être significative pour les auteurs français du texte ; mais elle risque de ne pas avoir été bien comprise par la plupart des signataires algériens, ce qui lui  donne un caractère fâcheusement équivoque. De même, rien ne prouve que la plupart des signataires français soient bien conscients du fait que la solution du conflit des mémoires française et algérienne de la guerre d’Algérie dépend au moins autant de l’Algérie que de la France.

 

J’ai déjà rendu compte de la politique mémorielle algérienne à de très nombreuses reprises, et au moins une douzaine de fois depuis cinq ans[1]. Cette politique est fondée sur la réaffirmation de plus en plus insistante des vieux thèmes de la propagande nationaliste du PPA-MTLD et du FLN ; réaffirmation qui paraît avoir été renforcée depuis douze ans par la volonté de dissuader les Français de tout jugement critique sur les responsabilités de la situation actuelle de l’Algérie. Sans entrer dans les détails, je crois devoir rappeler ici les principales étapes de cette évolution :

-          1987 : déclarations de Maître Jacques Vergés, avocat de Klaus Barbie, invitant les Français à reconnaître qu’ils avaient eux aussi commis des « crimes contre l’humanité » contre le peuple algérien.[2]

-          mai 1990 : création de la Fondation du 8 mai 1945 par l’ancien ministre Bachir Boumaza, afin de « démontrer que les massacres de Sétif sont un crime contre l’humanité et non un crime de guerre comme disent les Français », afin d’obtenir un « dédommagement moral ».[3]

-          8 mai 1995 : commémoration officielle du 8 mai 1945, et appel du journal El Watan invitant les intellectuels algériens à « travailler au corps » les démocrates français pour qu’ils diffusent dans leur société un sentiment de responsabilité et de culpabilité, et réclament à l’Etat français des excuses officielles au peuple algérien « pour les centaines de milliers d’innocents assassinés au cours des 130 ans de domination coloniale ».[4]

-          15 juin 2000 : discours du président Bouteflika devant l’Assemblée nationale française, suggérant habilement une déclaration de repentance de la France : « De vénérables institutions comme l’Eglise, des Etats aussi anciens que le vôtre n’hésitent pas, aujourd’hui, à confesser les erreurs et les crimes qui ont, à un moment ou à un autre, terni leur passé ».[5]

-          8 mai 2005 et 2006 : le président Bouteflika, tirant les leçons de la loi française du 23 février 2005 et de ses effets sur la négociation d’un traité d’amitié franco-algérien, s’aligne totalement sur les revendications de la Fondation du 8 mai 1945 : “ Pour la première fois depuis l’indépendance, l’Etat algérien demande officiellement à l’Etat français de reconnaître ses crimes coloniaux et de demander pardon pour les souffrances imposées au peuple algérien pendant les 132 ans d’occupation. Ce qui a toujours été la revendication de la société civile à travers les associations des victimes des atrocités coloniales est désormais une demande officielle formulée par le président de la République. La réconciliation entre les deux pays passe ainsi par la reconnaissance par l’agresseur de ses crimes et par sa repentance. Autrement, aucune page de l’histoire ne serait tournée et aucune réconciliation n’est possible entre les deux peuples »[6]

 

Ces quelques faits, encore trop peu connus en France, donnent la vraie mesure du conflit mémoriel franco-algérien. Contrairement à ce que certains semblent croire, le président Sarkozy n’a pas inventé la revendication algérienne de repentance. Cette revendication a été enracinée dans la société algérienne par plusieurs décennies de propagande reprenant celles du PPA-MTLD et du FLN, puis reprises par les deux camps de la guerre civile des années 1990, chacun des deux voulant identifier son adversaire au « parti de la France ». L’idée de tirer des leçons critiques du passé pour en éviter la répétition sanglante n’a malheureusement pas été retenue par les principales forces politiques en conflit. Au contraire, celle d’exploiter l’évolution récente de la mémoire officielle française, d’une mémoire glorieuse à une mémoire honteuse (évolution accélérée durant la présidence de Jacques Chirac), a été délibérément choisie pour obtenir l’alignement de la France sur l’Algérie.

 

En effet, la revendication algérienne a exploité l’acceptation du devoir de repentance exprimée par le président Chirac à propos de la responsabilité du régime de Vichy, donc de l’Etat français, dans la déportation des juifs pour le compte des autorités d’occupation allemandes, afin de faire accepter par la France l’accusation d’avoir été pour l’Algérie ce que l’Allemagne nazie avait été pour elle. Cette manœuvre de guerre psychologique a manifestement embarrassé le président français qui avait lui-même naïvement présenté le futur traité franco-algérien comme l’équivalent du traité franco-allemand de 1963. Elle n’est pourtant pas sans réplique. En effet,  la dénonciation de la répression française du 8 mai 1945 comme étant un « crime contre l’humanité », voire un « génocide », repose sur une identification explicite ou implicite avec le génocide des juifs par les nazis qui n’est pas historiquement soutenable, si dure et si disproportionnée qu’ait été la répression d’un début d’insurrection qui avait tué près de cent civils français et en avait blessé autant[7]. Et d’autant moins que cette identification des colonialistes français aux nazis allemands oublie les sympathies que la victoire de ces derniers sur les Français leur avait valu de la part de plus d’un nationaliste algérien dans les premières années de la guerre[8].

 

C’est peut-être pourquoi la revendication algérienne de repentance ne s’est pas arrêtée à 1945, mais est remontée jusqu’au début de la conquête française de l’Algérie en 1830. Cette conquête, en effet, a été entachée de nombreux actes de violence et d’inhumanité que les Français d’hier ont préféré recouvrir par une mémoire sélective de faits d’armes glorieux, et que les Français d’aujourd’hui préfèrent en majorité oublier. On peut condamner cet oubli d’actes honteux, mais on ne peut pourtant pas demander aux Français actuels de s’en reconnaître coupables ni responsables, car le fait est qu’ils ne le sont pas. Et l’on ne peut pas davantage identifier les cent–trente-deux ans d’occupation de l’Algérie par la France  aux cinq années (voire deux fois moins dans la zone sud) qu’a duré l’occupation de la France par les nazis. En effet, la première de ces conquêtes a enraciné en Algérie une population française ou européenne qui a eu le temps d’oublier les conditions violentes de l’établissement de ses ancêtres, et de se croire très sincèrement chez eux dans le pays où ils étaient nés et avaient enterré leurs parents, grands-parents et aïeux ; alors que les soldats et policiers allemands n’ont pas eu le temps d’installer une population civile allemande en France, même s’ils en avaient eu l’intention. L’identification entre les Français en Algérie et les Allemands en France, sur laquelle est fondée la revendication algérienne de repentance, est donc très discutable. En tout cas, on ne voit pas en quoi elle pourrait être la condition nécessaire d’une sincère réconciliation entre les deux peuples. On peut même soutenir le contraire, car cette revendication de repentance tourne le dos à la reconnaissance de torts partagés que les signataires des accords d’Evian, algériens comme français, avaient implicitement admise en signant la déclaration des garanties qui proclamait une amnistie  générale et réciproque :

-          « Nul ne peut être inquiété, recherché, poursuivi, condamné, ni faire l’objet de décision pénale, de sanction disciplinaire ou de discrimination quelconque, en raison d’actes commis en relation avec les événements politiques survenus en Algérie avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu.

-          « Nul ne peut être inquiété, recherché, poursuivi, condamné, ni faire l’objet de décision pénale, de sanction disciplinaire ou de discrimination quelconque, en raison de paroles ou d’opinions en relation avec les événements politiques survenus en Algérie avant le jour du scrutin d’autodétermination ».[9]

Même si les accords d’Evian sont depuis longtemps dépassés, peut-on établir une vraie paix entre les deux peuples sans respecter au moins l’esprit de leurs clauses fondamentales ?

 

Un essai de synthèse

 

On peut donc être perplexe sur la signification qu’il convient d’accorder à cette pétition, à en juger d’après les noms de ses organes de diffusion et de ses signataires. Nous pouvons pourtant observer que certains de ces signataires ont, en dehors de son texte, exprimé très clairement des opinions contraires aux positions de la mémoire officielle algérienne. Donnons en quelques exemples.

 

L’un des premiers signataires, dans l’ordre alphabétique, est Hocine Aït-Ahmed, l’un des chefs historiques du FLN-ALN, devenu après l’indépendance de l’Algérie l’un des premiers défenseurs du pluralisme politique, et après la libéralisation de 1989 l’un des principaux « dialoguistes » partisans d’une négociation sans exclusive entre tous les partis voulant éviter la guerre civile. Il a récemment  exprimé son regret que les « Pieds-noirs » n’aient pas été  traités comme de vrais Algériens ayant le droit de continuer à vivre dans leur pays pendant et après la guerre d’indépendance, et donné l’exemple d’une déclaration de repentance venant d’un patriote algérien : « Plus qu’un crime, une faute ! Une faute terrible pour l’avenir politique, économique, et même culturel, car notre chère patrie a perdu son identité sociale. N’oublions pas que les religions, les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les Arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Avec les Pieds-Noirs et leur dynamisme, je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français, l’Algérie serait aujourd’hui une grande puissance africaine, méditerranéenne. Hélas ! je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques, stratégiques. Il y a eu envers les Pieds Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie doit répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens » [10]. A titre de comparaison ( en dehors de la liste de signataires que j’ai pu lire), il semble que deux anciens premiers ministres connus au contraire pour leurs positions « éradicationnistes » aient aussi nettement pris position contre la revendication algérienne de repentance, à savoir Redha Malek[11], ancien porte-parole de la délégation du FLN à Evian, et Belaïd Abdesselam[12], ancien membre de l’Exécutif provisoire franco-algérien à Rocher Noir, l’un et l’autre ayant été chefs du gouvernement algérien peu avant 1995. 

 

D’autre part, l’un des plus célèbres des signataires est Mohammed Harbi, militant nationaliste et progressiste devenu le premier et le plus important des historiens algériens de la guerre de libération nationale. Celui-ci n’est pas soupçonnable de subordonner ses jugements personnels à la propagande officielle algérienne. Dès 1987, au moment du procès Barbie, il avait très nettement pris position contre les déclarations de Maître Jacques Vergès, accueillies très favorablement par la presse algérienne : “Il y a une spécificité du “crime contre l’humanité”, et ce serait une erreur grave que d’assimiler tout crime, tout massacre, toute exaction, à cette notion juridique nouvelle. Ce qui est mis au compte du nazisme, c’est une volonté délibérée, que son idéologie légitime, de nier toute appartenance à l’humanité de certaines catégories d’êtres humains, et de prétendre en nettoyer la planète comme on nettoie un matelas de ses punaises et comme on aseptise un linge à l’hôpital. L’Algérie a connu les massacres, les crimes, les exactions engendrées par le colonialisme. Mais, il faut le dire, les crimes de guerre dont est jalonné son chemin vers l’indépendance (...) ne sont pas le résultat d’une idéologie visant à l’extinction totale d’un peuple jusqu’au dernier de ses descendants » [13]. En 1992, au moment où la violence islamiste commençait à remplir la une des journaux, il jugeait nécessaire de rappeler les responsabilités fondamentales du régime établi par le FLN après l’indépendance: « L’idéalisation de la violence [...] requiert un travail de démystification. Parce que ce travail a été frappé d’interdit, que le culte de la violence en soi a été entretenu dans le cadre d’un régime arbitraire, l’Algérie voit resurgir avec l’islamisme les fantômes du passé » [14]. En 2004 encore, il déplorait l’absence de tout débat sur le fond du problème de la violence en Algérie : “On ne peut pas ne pas s’interroger sur le rapport entre les méthodes employées pendant la guerre de libération et celles qu’utilisent aujourd’hui les islamistes ou l’armée. Les gens sont conscients que la gestation du pouvoir algérien et de ses pratiques s’est faite au cours de la révolution même. Et que, pour n’avoir pas suffisamment réfléchi sur ce qui est arrivé à l’époque, les mêmes faits ont fini par se reproduire. Mais méfions nous d’une vision déterministe qui consisterait à dire : ce qui se passe aujourd’hui, c’est ce qui est arrivé hier. Ce serait évacuer totalement le rôle et la responsabilité des acteurs. La suite n’était pas écrite. Je ne vois malheureusement pas, en Algérie, de travaux sur ce problème de la violence. J’ai écrit des articles sur ce sujet. Ils sont parus. Mais on n’en a pas parlé. On ne censure pas, mais on ne débat pas...” [15]

 

Enfin, une fille de harkis née en Algérie en 1955, et ayant gardé des souvenirs très précis du drame et du déracinement subis par sa famille, Fatima Besnaci-Lancou, a publié son témoignage en 2003, « année de l’Algérie » en France. Elle y exprime avec beaucoup de sincérité  son désir de voir se réconcilier les Français et les Algériens et aussi tous les enfants de l’Algérie, qu’ils soient devenus français ou restés algériens. Mais elle ne cache pas son inquiétude et sa réprobation de la politique mémorielle algérienne qui persiste à faire des « harkis » les pires des criminels : « Alors que j’arrive à la conclusion de ce récit, plus de deux ans ses sont écoulés  depuis les paroles humiliantes de Abdelaziz Bouteflika. Pendant toute cette période, j’ai lu tout ce que j’ai pu me procurer concernant le sujet : revues, livres d’historiens, comptes-rendus de colloques, séminaires, conférences et témoignages. Je me suis mise à lire ce qui s’écrit en Algérie. Chaque jour, j’ai consulté, sur internet, les six principaux journaux nationaux algériens. En ce qui concerne nos relations à notre pays d’origine, ce que j’y ai trouvé ne me rassure pas du tout. Je n’ai trouvé aucune lueur d’espoir. J’ai la désagréable impression que personne ne veut connaître les raisons qui ont poussé des Algériens à se rallier à l’armée du colonisateur. La vérité a les traits de fantômes. Pour s’en protéger, l’« algérianité » des harkis est niée. Sur les forums internet, j’ai découvert beaucoup de paroles d’une violence inouïe. Tout le monde se traite de « harkis » comme s’il fallait à tout pris débusquer des harkis derrière chaque buisson du pays. Et chose très étonnante, tout le vocabulaire de la guerre d’Algérie est repris dans la guerre qui sévit actuellement dans le pays : « moudjahidin » pour les extrémistes religieux, les « martyrs » pour ceux qui sont actuellement tués au maquis, « forces coloniales d’occupation » pour les policiers, « la junte militaire»  pour l’armée et le pouvoir. Quant au mot « harki », il est multi-usages. Toutes les parties s’en servent pour s’insulter. Les bras m’en tombent.  Je n’ai trouvé aucune accroche, personne pour m’aider à trouver une ouverture, aussi petite soit-elle ». Et après cette analyse d’une vérité incontestable, elle interpelle le chef de l’Etat algérien : « Monsieur Bouteflika, quand entreprendrez-vous le gigantesque travail d’écrite l’histoire de l’Algérie telle qu’elle s’est vraiment faite ? C’est au prix de cette vérité-là que vous pourrez construire la paix et que les consciences enfin pourront trouver le repos. Ne léguez pas aux générations futures les mensonges de l’histoire »[16].  On ne saurait mieux dire.

 

Depuis la récente visite du président Sarkozy en Algérie, les événements sont allés très vite. Le président  français a fait une concession raisonnable aux demandes algériennes en déclarant : « Le système colonial a été profondément injuste », donnant ainsi satisfaction à la pétition dont nous parlons, mais en prenant le risque de mécontenter ceux qui avaient approuvé son intransigeance antérieure. Dès son retour il a tenté  de regagner leur confiance en rendant hommage, le 5 décembre, aux « hommes et femmes qui ont œuvre de bonne foi pour leur pays, dans le respect de ses lois, et qui se sont sacrifiés parfois. » Il a reconnu « le courage et la persévérance de ces Français d’Afrique du Nord qui avaient travaillé dur toute leur vie, qui avaient construit des routes, des écoles, des hôpitaux, des mairies… » et conclu en disant : « Je veux qu’on les respecte ». Le problème du président est d’arriver à tenir un discours qui parvienne à satisfaire toutes les sortes de mémoires représentées en France, et si possible en Algérie[17]. Tâche extrêmement difficile, mais pas tout à fait impossible à en juger d’après le texte trop peu connu de l’accord de Nouméa de 1998 qui semble avoir réussi à concilier les mémoires des colonisateurs et des colonisés en Nouvelle Calédonie[18].

 

Cependant, une implacable actualité est venue rappeler aux Algériens, le 11 décembre dernier, que leur vrai problème n’était pas d’obliger le président de la République française à  prononcer les mots qu’ils lui réclament depuis tant d’années, mais de  faire en sorte que le terrorisme cesse d’être considéré comme un moyen d’action légitime par des Algériens contre d’autres Algériens. Et ce problème-là, qui tient à l’idéologie enseignée par l’Etat algérien à son peuple depuis l’indépendance du pays il y aura bientôt un demi-siècle, mérite d’être enfin pris en considération si l’on veut que l’avenir des Algériens soit meilleur que leur passé.

 

Guy Pervillé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Voir le chapitre VI de mon livre Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Paris, Picard, 2002, pp. 269-312, et mes textes publiés sur mon site internet http://guy.perville.free.fr.

[2] Voir notamment l’écho d’une conférence de M° Vergès à Alger dans la presse algérienne, “Tout comme Bigeard, Massu, Begin et Le Pen…”, dans Le Monde, 24-25 mai 1987.

[3] El Moudjahid, 6 mai 1990. Voir aussi le mémoire de maîtrise d’histoire de Michaël-Lamine Tabraketine, La commémoration du 8 mai 1945 à travers la presse française et algérienne, Université de Toulouse-Le Mirail, 2000. Sur les liens entre M° Vergès  et Bachir Boumaza, voir le film de Barbet Schroeder, L’avocat de la terreur, sorti en juin 2007.

[4] El Watan, 9 mai 1995. Cité par le mémoire de maîtrise d’histoire de Michaël-Lamine Tabraketine, op.cit..

[5] Voir El Watan, 15 juin 2000, p. 1, et Le Monde, 17 juin 2000, p. 18 .

[6]  « La France appelée à solder ses comptes avec l’histoire », par Abdelkrim Ghezali, La Tribune, 9 mai 2005. Voir aussi « Préalable », par Tamani Salim, Liberté, 8 mai 2005, et « La France va-t-elle reconnaître son génocide ? », par A. Abdelghafour, La Nouvelle République, 10 mai 2005.

 

[7] Voir ma communication faite à Berlin le 29 avril 2005, « Le 8 mai 1945 et sa mémoire en Algérie et en France ».

[8] Une organisation secrète exclue du PPA clandestin, le CARNA (Comité d’action révolutionnaire nortd-africain), avait tenté plusieurs fois d’obtenir l’aide des Allemands contre la France en 1939 et 1940. D’autres organisations se sont formées en 1940 pour exploiter la défaite française. Voir la Lettre de Chawki Mostefaï à Mohammed Lamine Debaghine, El Watan, 18-11-2004 (document n° 8089), rappelant à celui-ci qu’un groupe d’étudiants de l’Université d’Alger avait projeté d’organiser une insurrection pour le 1er novembre 1940 avant de se laisser recruter par lui dans le PPA clandestin. Mais le futur écrivain Mouloud Mammeri continua de préparer des attentats à la bombe contre des casernes. Projet confirmé par Mouloud Mammeri dans son entretien avec Tassadit Yacine, “Mouloud Mammeri dans la guerre”, in Awal, Cahiers d’études berbères, 1990, n° spécial Hommage à Mouloud Mammeri, pp. 107-109.

[9] Déclaration des garanties. Première partie, dispositions générales. Dispositions reprises dans la déclaration générale, chapitre II, II, 1°) Dispositions communes. Voir le fac-simile de l’exemplaire original des accords d’Evian, dans Vers la paix en Algérie, les négociations d’Evian dans les archives diplomatiques françaises, Bruxelles, Bruylant, 2003, pp. 412 et 465.

[10] Revue Ensemble, Association culturelle d’éducation populaire, Montpellier, n° 248, juin 2005. PS : un autre « dialoguiste », l’ancien secrétaire général du parti FLN Abdelhamid Mehri, a déclaré : : « Je pense que le pardon n’a pas de sens, nous avons mené une résistance conclue par une victoire, dès lors nous n’avons pas besoin d’excuses », lequel demande aussi « Qui a demandé pardon ? Qui a cristallisé cette idée en Algérie ? Que signifie repentance ? » (El Khabar, 5 mars 2008, et Liberté-Algérie, rubrique Radar, 6 mars 2008).

 

[11]Demander à la France de venir se mettre à genoux, je ne trouve pas ça très réaliste ni faisable, maintenant c’est terminé, ce que nous demandons à la France, ce n’est pas de ressassser le passé, mais de dire qu’à l’avenir elle ne cherchera plus à s’ingérer dans nos affaires intérieures ». Entretien à la radio algérienne, chaîne 3, du 11 novembre 2005, repris par l’AFP et par Courrier international, n° 789, du 15 décembre 2005.

[12] « Je vais vous surprendre, mais il n’y a aucune raison de demander ces excuses, parce que simplement c’est impossible du point de vue pratique. Nous avons quant à nous obligé la France à reconnaître notre indépendance, mais nous ne l’avons pas vaincue. C’est aujourd’hui une puissance mondiale, et ces excuses sont impossibles et improbables». Interview à El Khabar, 15 août 2007.

[13] Sou’al, n° 7, 1987, pp. 149-151.

[14] Mohammed Harbi, L’Algérie et son destin, croyants ou citoyens, Paris, Arcantère, 1992, p. 155.

[15] “L’heure de la vérité”, interview de Mohammed Harbi et Benjamin Stora par Agathe Logeart et Claude Weill, in Le Nouvel Observateur, n° 2085, du 21 au 27 octobre 2004, pp. 42-44.

[16] Fatima Besnaci-Lancou, Fille de harkis. Le bouleversant témoignage d’une enfant de la guerre d’Algérie, préface de Jean Daniel et de Jean Lacouture, Paris, Editions de l’atelier, 2003, pp. 120-121.

[17] « Je signerai le traité d’amitié. L’Algérie appartient aux Algériens. Je condamne sans réserve le système colonial. Entre l’Algérie et la France, c’est une histoire d’amour. Le problème réside dans la manière de l’exprimer et de le prouver », aurait déclaré le candidat Nicolas Sarkozy, selon Djazaïr News du 21 avril 2007. Le petit livre du journaliste du Monde, Jean-Pierre Tuquoi, apporte cette révélation passionnante (p. 98) parmi beaucoup d’autres. Dommage qu’il n’ait pas la même attitude de sympathie critique envers les Français d’Algérie, et qu’il semble ignorer l’existence de la Fondation du 8 mai 1945, dont il cite pourtant le fondateur.

[18] Voir l’article du professeur Jean-Yves Faberon, directeur de l’Institut de droit d’outre-mer, dans L’Algérianiste, n° 112, décembre 2005, pp. 5-15, et dans la Revue juridique et politique des Etats francophones.

         

 

 

 

A l’intention des auteurs de la pétition

« France - Algérie : dépasser le contentieux historique »

Je ne signerai pas cette pétition car son contenu ne répond pas à son but : « faire advenir une ère d’échanges et de dialogue entre les deux rives ».

-          Si les rédacteurs étaient bien conscients des « pièges d’une histoire officielle qui utilise les mémoires meurtries à des fins de pouvoir », ce qui vise en priorité l’Algérie ou la recherche particulièrement n’est pas libre et où les Archives ne sont quasiment pas accessibles, pourquoi s’adressent-ils seulement aux « aux plus hautes autorités de la République française » ?

-          S’il y avait une réelle volonté que « la souffrance de toutes les victimes soit reconnue, et qu’on se tourne enfin vers l’avenir. », pourquoi alors ce silence sur les massacres de civils commis à l’initiative du mouvement armé nationaliste et pour certains d’entre eux non-revendiqués à ce jour, durant la guerre, après le cessez le feu, et le jour même de l’indépendance contre des civils non-musulmans, juifs, chrétiens ou athées, au facies donc, mais aussi contre des musulmans, les messalistes, les harkis et leurs familles, sans parler de toutes ces femmes et hommes indépendantistes qui furent liquidés dans les maquis parce que femmes, intellectuels ou communistes ?

-          Je ne comprends donc pas qu’une pétition signée par des intellectuels français et algériens n’ait qu’une seule adresse. 45 ans après l’indépendance, n’est-il pas encore temps de demander des comptes aussi à l’Etat algérien, qui jusqu’à aujourd’hui se revendique de la « légitimité historique », se veut et est à n’en pas douter l’héritier du nationalisme ?

Si une victime civile est une victime, un disparu un disparu, quelles que soient leurs origines ethniques ou religieuses, comment peut-on évoquer les traumatismes des uns sans se préoccuper de celui des « autres », sauf à nier notre seul dénominateur commun possible, les valeurs de l’humanisme ?

Comment apaiser les âmes et les esprits si la vérité s’arrêtait à la critique de la colonisation en faisant silence sur la mise en acte de la pensée nationaliste qui en Algérie, comme ailleurs,  à été une pensée ethnique qui ne pouvait, dans les conditions de la guerre, que devenir ethnocide ?

Les auteurs de la pétition ne voient-ils pas que les récents propos antisémites du ministre algérien des anciens combattants dont certains d’entre eux se désolidarisent, sont aussi la conséquence de l’impossibilité pour beaucoup d’intellectuels anticolonialistes, 45 ans après l’indépendance, de faire la lumière sur les réalités contrastées du nationalisme, et par exemple de l’assassinat du grand musicien et chanteur juif Raymond Leyris le 22 Juin 1961, trainé aujourd’hui dans la boue par l’organe du Mouvement des Indigènes ? Les auteurs de la pétition se sont-ils seulement aperçus qu’ils identifiaient « Algériens » aux seuls arabo-berbéro-musulmans, et les autres aux « Français » ?

En conclusion, je crois pour ma part que la mise en place d’une Commission d’historiens algériens et français qui auraient accès à toutes les archives, à l’instar de ce qui a pu exister entre la France et l’Allemagne, et dont une des conséquences immédiates serait la révision des manuels scolaires d’histoire, est une priorité sans laquelle rien de durable entre ces deux pays n’adviendra.

Et si les deux chefs d’Etats algérien et français actuellement en discussion, ne prenaient pas cette décision, elle pourrait être la revendication des sociétés civiles des deux pays, à laquelle je m’associerai sans hésitation.

Paris, 6 Décembre 2007,  Jean-Pierre LLEDO,  cinéaste algérien

PS : je vous signale que mon dernier film « Algérie, histoires à ne pas dire »  - un long métrage documentaire tourné entièrement en Algérie, qui revient sur cette histoire de la guerre, à travers des mémoires algériennes - dont les avant-premières avaient été annulées en Algérie, en Juin 2007, n’y a toujours pas reçu son visa d’exploitation commerciale.




A suivre.....

 

Le point de vue de Fellag, humoriste Algérien:   http://www.dailymotion.com/video/xisne_fellag-la-colonisation


 

 

Wagner le 22.02.10 à 06:08 dans l/ Débats / Points de rencontres - Lu 918 fois - Version imprimable
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Commentaires

EXCUSES A L 'ALGERIE

'Voilà quelqu'un ci aprés qui n'est pas aveuglé par la haine "anti roumis" qu'à propagé de façon insidieuse le gouvernement algérien.
Ce monsieur qui est d'une excellente objectivité mérite toute la considération de notre communauté.
Il faut espérer que les Algériens (non aveuglés) prennent conscience de la réalité des évènements; ce n'est qu'à partir de là qu'il pourra y avoir l'espoir de tourner une page
Excuses à l'Algérie ?
Par karim Bey Smail, ::
J'ai trente-sept ans, je suis fils de résistants algériens et je ne vois pas l'intérêt de présenter des excuses a l'Algérie à moins que le gouvernement algérien lui-même ne présente des excuses à son peuple pour 250 000 mille morts sans la présence d'un seul colon, pour une démocratie ratée parce que trop militaire, pour avoir laissé et laisser les richesses de tout un pays aux mains d'une minorité d'apparatchiks sanguinaires, pour avoir utilisé les islamistes comme un contre-feu à la démocratie réclamée par la rue.

Alors peut-être l'Algérie aura un intérêt à se retourner sur son passé français aussi cruel qu'il a put être. L'ennemi français n'a pas vu cette guerre comme fratricide, celle qui a suivi et qui laisse le peuple exsangue et les dirigeants gras et grossiers, aura fait bien plus de mal. Enterrons les excuses et les amertumes nous avons tous mieux à faire que d'entretenir des feux inutiles qui couvent encore malgré le temps et l'eau coulée entre les deux rives. Je pense aussi à ceux qui malgré tout le mal éprouvé se sentent encore algériens : Les harkis, les pieds noirs, sans oublier les juifs algériens antérieurs à la colonisation. Que doit-on a ces gens là ? Ils sont plus algériens et plus français que moi, je leur donne ce qu'ils réclament sans même connaître leurs exigences tellement leur sort m'afflige. A l'heure des concordes avec les islamistes, quand le sang du peuple a peine sec, ce ministre de la honte voudrait orchestrer les mémoires pour faire passer la pilule. Ne croyez pas que je vole maladroitement au secours de NS, non ces difficultés me font jubiler. Marianne elle n'est plus comptable de ces dettes là, il ne fallait pas boire l'eau d'Évian, il ne fallait pas livrer la blanche dame a l'oued de sang. Je ne prends pas de souffrance en héritage avec tout le respect dû à ceux qui sont mort en libérant l'Algérie ou en défendant la France. Il est seulement triste que vous n'ayez pas partagé leur sort puisque vos projets morbides montrent le fantôme que vous êtes monsieur le ministre. L'Algérie doit couper le cordon avec la France, cesser d'y puiser des excuses pour expliquer ces maux qui sont de l'entière responsabilité du pouvoir en place. C'est pour toutes ces raisons que je signe l'appel du contentieux historique.

Karim Bey SMAIL

Posté par JF Paya,

Jean Francois Paya - 19.02.10 à 18:13 - # - Répondre -

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