Proposer une devise
"Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit." Albert Camus// "La vérité jaillira de l'apparente injustice." Albert Camus - la peste// "J'appelle à des Andalousies toujours recommencées, dont nous portons en nous à la fois les décombres amoncelés et l'intarissable espérance." Jacques Berque// « Mais quand on parle au peuple dans sa langue, il ouvre grand les oreilles. On parle de l'arabe, on parle du français, mais on oublie l'essentiel, ce qu'on appelle le berbère. Terme faux, venimeux même qui vient du mot 'barbare'. Pourquoi ne pas appeler les choses par leur nom? ne pas parler du 'Tamazirt', la langue, et d''Amazir', ce mot qui représente à la fois le lopin de terre, le pays et l'homme libre ? » Kateb Yacine// "le français est notre butin de guerre" Kateb Yacine.// "Primum non nocere" (d'abord ne pas nuire) Serment d'Hippocrate// " Rerum cognoscere causas" (heureux celui qui peut pénétrer le fond des choses) Virgile.// "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" Albert Camus.Sommaire
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D'Algérie-Djezaïr
Le MOUVEMENT D’Algérie-Djezaïr vient d’être officialisé par plus d’une centaine de membres fondateurs résidant dans le monde entier, ce 22 juin 2008 à Saint Denis (Paris - France). Il est ouvert à toutes celles et ceux qui voudront le rejoindre, natifs d'Algérie, et leurs descendants.ORGANISATION
Elle est démocratique, c'est-à-dire horizontale, sans centralisme, et sans direction. Les décisions essentielles doivent être conformes à l’esprit du Texte Fondateur. Elles sont prises après larges consultations, où tous les membres donnent leurs opinions. Les règles internes sont arrêtées par les "adhérents". Pas de cotisations. Les groupes et le Mouvement trouvent les moyens de faire aboutir leurs actions.Samedi 20 Septembre 2014
Hommage national aux victimes du terrorisme
Lu sur le site du Mouvement pour la Paix et Contre le Terrorisme
le 19 septembre 2014
Wagner - 12:30 - rubrique e/ Solidarités - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3468 fois
Samedi 13 Septembre 2014
Camus à Montréal. Jean-Marie Papapietro.
Novembre 2014, Théâtre Denise-Pelletier
Des comédiens et un metteur en scène répètent une pièce. Elle n’est pas de Camus. C’est plutôt Camus mis en pièce(s) ; car Camus est au cœur du propos ; car les acteurs verseront tout au long de la pièce, des pièces à conviction au dossier Camus ; car le public devra se faire une opinion sur la position controversée de Camus par rapport à la guerre d’Algérie, celle d’un enfant pauvre d’Alger, petit Français d’Algérie devenu écrivain majeur et penseur incontournable du XXe siècle, pour qui la liberté est une valeur fondatrice.
Au début de la guerre d’Algérie, Camus rêvait d’une colonie réformée, d’une Algérie réconciliée qui rende justice à tous ses habitants. Utopie ? Position réactionnaire ? Solution pacifiste ?
La polémique est lancée.
Nous savons que nos destins sont à ce point liés que toute action de l’un entraine la riposte de l’autre, le crime entrainant le crime, la folie répondant à la démence et qu’enfin, et surtout, l’abstention de l’un provoque la stérilité de l’autre. Si vous autres, démocrates arabes, faillissez à votre tâche d’apaisement, notre action à nous, Français libéraux, sera d’avance vouée à l’échec. Et si nous faiblissons devant notre devoir, vos pauvres paroles seront emportées dans le vent et les flammes d’une guerre impitoyable.
(Communauté algérienne, no1, octobre 1955)
Entrevue avec Jean-Marie Papapietro
D’où est venu le désir d’écrire et de monter cette pièce autour de Camus et de l’Algérie ?
Mon rapport à Camus remonte à très loin, à mon adolescence. Je l’ai connu indirectement, dirait-on, par mon père qui était dans la même classe que lui, au lycée d’Alger. Et moi-même, j’ai été dans la khâgne du même lycée ; on a même eu quelques professeurs en commun, mais avec beaucoup d’années d’écart, cependant.
Et puis, j’ai un souvenir de Camus sur le quai du port d’Alger, avec sa gabardine, qui attendait le bateau pour retourner en France. Il faisait souvent des allers-retours entre la France et l’Algérie, car il avait sa famille encore à Alger. Je ne situe pas exactement l’année, mais c’était pendant la guerre d’Algérie, à une époque de grandes tensions. Sur le quai, Camus avait l’air soucieux, préoccupé. Et on sait qu’en 1956, il est venu à Alger pour lancer son « Appel pour une trêve civile » et en est reparti très déçu, démoralisé, avec le sentiment d’avoir été utilisé, on dirait aujourd’hui instrumentalisé. Je n’ai évidemment pas osé lui parler, car j’étais trop intimidé.
Ainsi, vous aussi avez connu une enfance algérienne.
Né à Alger, j’ai passé là-bas toute mon adolescence. Je suis rentré en France avant la fin de la guerre d’Algérie, en 1959 — à l’époque on ne disait pas la France, mais la métropole. Mes grands-parents paternels ont décidé de rester en Algérie indépendante, mais ils ont dû fuir, en 1965, car la vie devenait intenable pour eux. Je n’ai pas vécu l’exode des pieds-noirs [les Français d’Algérie] de 1962. Et je n’en ai pas saisi l’ampleur ni la signification tout de suite, car il y avait alors, en France, une censure très forte sur ces questions : on n’était pas vraiment au courant de tout ce qui se passait.
Aborder Camus sous l’angle de son rapport à l’Algérie constitue donc un projet engageant.
Il me tient à cœur depuis longtemps, en effet. Au moment où l’on a voulu faire entrer Camus au Panthéon , une idée de Sarkozy, j’ai écrit un texte dans la revue de la Société des Études Camusiennes pour dire qu’il était scandaleux de vouloir récupérer Camus et qu’il fallait le laisser dans son cimetière de Lourmarin, en Provence, à l’abri de toute instrumentalisation politique. J’ai repensé, alors, à ce que j’avais perçu de Camus quand je vivais là-bas, à sa marginalisation durant les dernières années de la guerre d’Algérie. Et peu après, en lisant ses carnets et Le Premier homme, j’ai compris sa douleur : l’Algérie le rendait malade.
Quelle est cette énigme Camus à laquelle réfère votre pièce ?
L’énigme Camus est celle-ci : pourquoi cet homme qui s’est toujours réclamé de la gauche — « malgré elle et malgré moi », disait-il — n’a-t-il pas soutenu l’indépendance de l’Algérie, en rupture notamment avec Les Temps modernes et Sartre, qui soutenaient la révolution algérienne, et contrairement à ses amis, Jean Daniel ou Jules Roy ?
Camus pensait dangereux de laisser au seul FLN la direction de l’Algérie, jugeant que c’était un parti totalitaire qui allait écraser toutes les différences, détruire l’Algérie plurielle qu’il avait connue avec des Kabyles, des Arabes, des Juifs, des Français, des Italiens, des Espagnols. Tout ce monde qui faisait l’Algérie d’avant 1962 a effectivement disparu avec le parti unique, la religion unique et même la langue unique imposés par le FLN. Les Kabyles ont dû se battre pour qu’on reconnaisse leur langue, qui n’est pas l’arabe.
Pourtant, Camus était très sensible à l’injustice faite aux Arabes ou aux Kabyles par le système colonial français…
Tout à fait. Mais Camus a toujours été un réformiste, non un révolutionnaire. Il considérait qu’un régime pouvait être réformé, et qu’il ne fallait pas tout rompre. Il pensait qu’en Algérie, les choses pouvaient évoluer, que la France pouvait et devait faire des réformes. Camus a été victime de ce qu’on appelle le sens de l’histoire : dans la tête de la plupart des gens, le combat du FLN était le combat juste, le soutenir était juste et la position opposée était injuste. L’histoire a été simplifiée.
À un moment de notre spectacle, on aborde une nouvelle de Camus qui s’appelle L’hôte et qui parle d’un maitre d’école — sans doute le double de Camus — qui doit livrer à la police un prisonnier arabe qu’on lui a demandé d’héberger jusqu’au lendemain. L’instituteur accepte de l’héberger, mais le lendemain il le conduit à un carrefour, lui laissant la possibilité de se rendre à la police ou de choisir la liberté. Le prisonnier choisit le chemin de la prison. De retour dans sa classe, le maître découvre au tableau noir ces mots : « Tu as livré un des nôtres. Tu paieras. ». On est en pleine ambigüité.
Ce rêve de Camus d’un régime réformé, d’une Algérie réconciliée « qui rende justice en même temps aux deux communautés d’Algérie » (Chroniques algériennes), n’est-ce pas une utopie ?
J’étais à Alger au moment du passage du général De Gaulle, en 1958, quand des femmes musulmanes ont manifesté en enlevant et brulant leurs voiles. Ce sont des signes qu’une évolution était possible, que les choses auraient pu être autrement. D’ailleurs, le départ des pieds-noirs a été une catastrophe sur le plan de l’économie et des infrastructures, laissant l’Algérie dans un état lamentable, ce que les dirigeants algériens ont rapidement constaté.
En fait, ce qui a rendu les choses pratiquement irréalisables, c’est le déséquilibre démographique et religieux : neuf millions de musulmans et un peu plus d’un million de non-musulmans, juifs ou chrétiens… Or, pour les nationalistes algériens, la religion était ce qui distinguait absolument les Algériens des autres, une facette identitaire incontournable. Si les Européens voulaient rester en Algérie, ils devaient tôt ou tard devenir musulmans.
Selon vous, la position de Camus s’explique-t-elle surtout par sa philosophie politique ou par son enracinement dans la terre de son enfance ?
Les deux, je crois. Sur le plan éthique, c’est un homme qui se méfie des idéologies qu’il considère comme réductrices de l’être humain, qui est complexe et multiple. Et surtout, pour lui, il faut éviter toute forme de totalitarisme qui est toujours un rétrécissement des libertés. Camus est un homme de liberté. Il voyait venir, avec le FLN, le danger du totalitarisme et il n’a pas eu tort. Au cours de la bataille d’Alger, en 1957, le FLN a terrorisé la population en jetant des bombes un peu partout au nom d’une cause qui se voulait juste. Pour Camus, une cause juste est disqualifiée par le terrorisme. Et Camus craignait que sa mère soit un jour victime d’une bombe.
Sa mère fait partie de son attachement pour l’Algérie.
Sa mère, qui est morte sept mois après lui, est restée là-bas, car elle considérait que c’est là qu’elle devait vivre. Dans Le premier homme, la mère est presque sanctifiée. Elle est l’antithèse vivante de l’idéologie, elle est entièrement dans le concret. Elle est une sorte de réincarnation de L’Étranger, complètement étrangère à toute cette violence autour d’elle, elle ne prend pas parti. Elle n’est que témoin, martyr au sens grec du mot.
À un moment dans votre pièce, un personnage affirme : « Nous ne faisons que livrer les pièces du dossier. » Un peu comme dans un procès. Est-ce que cela décrit la forme de votre pièce ?
On assiste à une répétition d’un spectacle presque abouti sur Camus et l’Algérie, mais pas encore terminé, avec la présence d’un metteur en scène qui fournit quelques informations, qui assiste les acteurs et les ramène au sujet quand ils s’égarent. Les comédiens discutent entre eux de cette pièce, dialoguent parfois de manière assez véhémente et ajoutent des pièces au dossier, avec notamment des extraits d’œuvres de Camus. L’idée, c’est de rendre le public témoin de ce drame qui isole de plus en plus Camus, de lui faire comprendre la position de l’intellectuel face à ce qui a tant fait souffrir l’homme Camus.
Dans le même passage, un autre personnage souligne le danger de créer une pièce « un peu trop didactique ». Avez-vous contourné ce piège ?
J’espère qu’on l’évitera. Cela dit, ce type de théâtre-documentaire fait le choix de fournir une matière à réflexion assez consistante. On n’est pas dans le divertissement tout le temps, il faut être attentif pour comprendre les enjeux du drame, même si la langue reste très accessible. On est dans une forme de théâtre politique. Comme dans la tragédie grecque, où le citoyen devait être attentif aux discours antagonistes structurés et argumentés des personnages et prendre parti.
Et j’ai l’impression que c’est dans l’air du temps, qu’il y a un appétit pour le débat. Le théâtre peut se permettre ce genre de polémiques. Et les questions posées par notre pièce rejoignent l’actualité : le terrorisme, les questions religieuses et les états théocratiques, les chrétiens d’Irak chassés de leur pays, le conflit israélo-palestinien, l’exode vers l’Italie et l’Espagne des Africains chassés de chez eux par la misère ou les régimes autoritaires. Au Québec, on est dans une société assez calme, mais tout ça est à nos portes.
Qu’aimeriez-vous que les jeunes qui verront la production à Fred-Barry retiennent de la pièce ?
Qu’ils comprennent que le nationalisme peut être la pire des choses quand il devient exclusif, autoritaire, intolérant. C’est sans doute une des principales leçons de Camus.
Propos recueillis et mis en forme par Anne-Marie Cousineau
Wagner - 12:55 - rubrique m/ Actualités - Sorties - nouveautés - - Permalien - 1 commentaire - Lu 3236 fois
Samedi 24 Mai 2014
"une bière à Alger"...
quoi?
L’INCROYABLE ET INIMAGINABLE HISTOIRE D’UN HOMME QUI VOULAIT PRENDRE UNE BIERE A ALGER
Alger est une ville de lumière. Mais il suffit que le jour décline pour que la Blanche se transforme en gouffre. Vers dix sept heures, et avant que les milliers de minarets ne hurlent la prière du crépuscule, les rues se vident d’un coup des filles et des femmes, déjà toutes voilées et il ne reste, collés aux murs, qu’un magma d’hommes, barbus, moustachus, ou coiffés à l’iroquoise et dégoulinant de gel, fumant clope sur clope. Alger devient alors une coulée de mélancolie. Tout y tombe en ruines, les hommes, les chats famélique, jaunes et sales, les immeubles haussmanniens dont toutes les cages d’ascenseur n’ont plus d’ascenseur depuis des lustres; et même la mer perdue sous des rafiots qui crachent leur mazout avec des bananes, de la semoule, de l’ail chinois et des escalopes de dindes importées de Patagonie. Le ciel, noir, se remplit alors du parfum d’Alger, de la pisse mélangée à l’huile de friture des sardines.
J’y étais il y a trois semaines. Et un soir, je ne sais pas pourquoi, je me suis dit, je vais prendre une bière, pourquoi ? Comme ça pour le plaisir. Les yeux fermés, je me suis dirigé vers la brasserie des facultés, la Brass, notre Flore à nous, comme on dit, située juste en face du lycée Delacroix où se trouvait notre département de littérature française. J’ai poussé la porte, le lieu était vide, deux serviteurs perdus au milieu
d’une salle avec des nappes rouges et sales m’accueillent : – C’est pour prendre un verre ? – Oui, par exemple – On ne sert plus. Le plus jeune me regarde d’un air méprisant. je lui demande s’il existe encore un autre bistrot dans le coin. Il me répond – Non, je ne peux pas vous le dire. C’est haram. J’ai claqué la porte. Je me suis dit il suffit que j’aille juste à côté, à la rue Charasse, là il y a le Marhaba, le bar fait les meilleurs sandwichs à la viande hachée et à la coriandre fraîche et il est juste à côté de la librairie Dominique où pour dix dinars j’achetais l’intégrale de Soljenitsyne et de Maïakovski.
J’ai pris la rue Charasse. Le Marhaba n’existe plus, ainsi que la librairie scientifique. Dominique est devenue librairie Ijtihad, « exégèse coranique ». Qu’à cela ne tienne, il suffit de descendre vers Maurétania; au bout, il y a la grande brasserie Maurétania juste en face de l’immense immeuble bleu d’Air France, et si elle est fermée, il suffit de prendre à gauche, le boulevard Amirouche, passer devant le magasin des beaux arts, l’Arc en ciel, avant d’arriver au Boul Mich. L’établissement jouxte le restaurant universitaire. Il dispose d’une salle au sous sol, avec un dancing et ses fenêtres donnent sur le port d’Alger. On y mangeait des sardines servies à foison avec de la pelure d’oignon avec nos copines étudiantes qui fumaient des Craven A. J’ai pris la rue Charasse, la brasserie a été remplacée par un magasin de meubles, l’immeuble d’air France n’existe plus, pas plus que l’arc en ciel et j’ai poussé la porte du Boul Mich. A la place des filles fumant des Craven A, une foule de barbus sirotant des cafés crème et suçant avec avidité des cigarettes électroniques. Je ressors, face au commissariat central et sous les arcades de la banque extérieure d’Algérie, des dizaines de femmes, avec des bébés et des enfants, disposent des cartons et ou des couvertures par terre pour passer la nuit. Je demande au policier ce qui se passe: – Ce sont des jeunes mariées, chassées par leur mari. Elles viennent passer la nuit face au commissariat central pour ne pas être violées. Elles partent à l’aube.
Je me rappelle alors du Coq Hardi, la brasserie mythique d’Alger, avec Wahab on y passait du temps, elle est située au coeur de la rue Didouche avec une double baie vitrée, les serveurs étaient en noeud papillon et on y vendait le Monde à la criée. J’ai repris la rue Berlioz, où le Berlioz n’existe plus, en haut de l’escalier, un immense trou a remplacé la pâtisserie la Parisienne, ah les croissants de la Parisienne, Je me suis dit que je devrais passer par le passage souterrain de la place Audin. Sur les escaliers, il y avait un joueur de banjo aveugle et à l’intérieur un disquaire aux cheveux très longs qui m’avait fait découvrir le 666 des Aphrodite Childs. Au fond du passage, il y avait un pèse personne automatique et un horoscope mécanique rouge. On y glissait une pièce de 20 centimes et on avait imprimé sur du papier kraft toujours cette même prédiction: « Bonjour, vous allez être très heureux et connaître beaucoup de bonheur. » Longtemps, j’ai soupçonné Boumediene lui même d’être l’auteur des messages de cet horoscope démoniaque. Dans le passage, il n y a plus de musicien, mais des vendeurs à la sauvette de fausses Nike et de vraies culottes rouges; le disquaire a disparu, il est sûrement grand père et a du vendre toute sa collection de Rock pour se payer un Voyage à la Mecque et laver son « passé », comme on dit.
Plus haut, je cherche le Coq Hardi partout et ne le trouve pas. J’arrête des gens: – Les coq quoi ? – Le coq Hardi, c’est bizarre, c’était au temps de la France ? – Non au temps de Boumediene – Et on acceptait des noms comme ça? – Et il faisait quoi le coq hardi, il vendait du poulet ? — Non c’était une brasserie Souvent l’échange se terminait ainsi – Que Dieu vous ramène dans le droit chemin. Je tombe à la fin sur un
algérois, un fils du quartier: – Vous cherchez quoi? – Le Coq Hardi, je ne rêve pas il était bien là, sur ce trottoir, je ne rêve pas – Non, il était bien là, mais la ville d’Alger l’a rasé – Pourquoi? – Parce qu’il gênait la circulation – Mais il n’était pas au milieu de la route, il était sur le trottoir – Justement, les gens picolaient à la terrasse et ça gênait les gens qui passaient en voiture. La brasserie faisait pourtant partie de l’histoire de la bataille d’Alger…. En remontant la rue Didouche, j’ai vu que les librairies, Ibn Khaldoun, et les Beaux Arts avaient fermé. Le cinéma l’Algéria, également ainsi que tous les autres bistrots, le Debussy, le Tassili, la Cafette, le Quatz’Arts, le Kenko, …
Je suis remonté jusqu’ au Rostand, transformé en magasin de chaussures. Quant au Debussy qui était l’une des plus belles salles de la ville, il a été transformé ainsi que le Français en dépotoir. Au Debussy, je crois que j’ai vu tous les films de Visconti et j’ai même assisté aux émeutes provoquées par » Cris de Femmes » de Jules Dassin. Le film avec Melina Mercouri était une variation autour du mythe de Médée. Mais le titre était trompeur et tous les algérois avaient compris qu’il s’agissait d’ un film sur l’orgasme. Le jour de la première, il a fallu faire intervenir la police anti émeutes pour contenir les assauts de la foule et Jules Dassin lui même étaient sidéré par cette marée de cinéphiles, venus de Cap Matifou, de Tipaza, de Tizi et même de Boussaâda pour voir Mélina Mercouri. Le lendemain el Moudjahid, notre Pravda titrait » Le public algérois en liesse pour la mythologie grecque. La preuve que le niveau intellectuel des masses populaires augmente de jour en jour grâce au socialisme « . Ce que le quotidien ne disait pas c’est que la salle, au bord de l’explosion, se vidait dix minutes après le début du film. Je me suis rendu compte aussi de l’absurdité de la situation, il est impossible d’arrêter quelqu’un dans la rue et lui demander s’il connaît une brasserie. C’est con de se faire lyncher pour une Kronenbourg.
La nuit tombe. Alger s’enfonce davantage dans le noir. Les jeunes délabrés se confondent avec les murs délabrés. Des policiers sales hurlent dans des talkies walkies d’un autre âge. Sur les balcons, tous condamnés par de lourdes grilles en fer, des femmes adipeuses secouent des nappes trouées. De tout Alger que j’ai connu, il ne reste qu’une seule boutique » L’étoile d’or », un bouquiniste chez qui on peut trouver le chasseur français de 1964, ou les oeuvres complètes de Castoriadis. Malgré le temps qui a passé on se reconnaît. Il faut dire que j’y allais presque tous les jours – Tu es passé où ? – A Paris – Comment tu fais pour vivre là bas, les bouquins sont hors de prix – Et toi, comment tu fais pour tenir – Pour le plaisir, chaque jour j’ai dix offres pour faire de la boutique une pizzeria mais je préfère crever au milieu des livres que de la mayonnaise. A Alger, la mayonnaise est considérée comme un signe de luxe, on en recouvre les pizzas et même les glaces à la vanille. Vers 19 heures, j’ai traversé le marché Meissonnier, je suis descendu vers la rue Hoche et là je vois un établissement avec une porte blindée, gardée par un cerbère large comme un frigo américain. Je lui murmure à l’oreille: – Mon frère, c’est un bar Lui me susurre à son tour – Oui, vite rentre. Je pousse la porte. D’abord il y a la fumée et puis cette odeur âcre de la transpiration quand on essaye de la camoufler avec des litres d’eau de Cologne. Une lumière tamisée. Des hommes assis, ou affalés devant des tables recouvertes de monticules de bières.
Personne ne parle à personne. Chacun boit seul. Chacun soliloque dans son coin. Au fond de la salle, il y a un immense poster avec des montagnes du Canada enneigées. A côté des toilettes, deux putes, qui doivent être là depuis René Coty et qui achèvent de tomber en poussière. On entend les toilettes qui débordent et on voit
l’eau qui arrive à la salle. Personne n’est là pour s’en rendre compte. Au bar, une serveuse, les cheveux passés mille fois à l’eau oxygénée, les dents en or, le décolleté qui lui arrive jusqu’à la pomme d’Adam et le ventre qui tombe sur les genoux. Elle vient en courant vers moi – Que puis je vous servir, Monsieur A ce moment là retentit l’appel à la prière de la nuit, la dernière. Je me sens d’un coup las et au bord de la conversion. Je sens que ce bar algérois sera mon chemin de Damas. Je jette un coup d’oeil au putes qui rient, aux hommes saouls, et je me sens dans la peau de Saint Paul quittant dans un couffin la chapelle d’Ananie. Je regarde la serveuse dans les yeux et lui dis: – Je voudrais un verre d’eau et un tapis de prière bien frais, ma soeur, que Dieu nous protège tous les deux.
(Avec l’aimable autorisation de l’auteur)
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Wagner - 09:05 - rubrique r/ Lu dans la presse, du net surtout. - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3503 fois
Jeudi 30 Janvier 2014
Archives françaises...réclamées par l'Algérie.
ok, à vous les "50 millions" et pour nous, les archives du FLN sur les attentats contre les civils Français d'Algérie et les massacrés du 05 juillet 62 à Oran! Ok? Chiche?
Jeudi 30 Janvier 2014
LES ARCHIVES SUR LES ‘’ATROCITES’’ COMMISES SOUS L’OCCUPATION FRANÇAISE : L’Algérie cherche à recouvrer 50 millions de documents
Le directeur général des archives nationales, Abdelmadjid Chikhi, a confirmé dans une déclaration rapportée par l'APS, lundi dernier, qu’il travaille actuellement avec le Comité international de la Croix-Rouge, afin de récupérer au moins 50 millions de documents historiques qui comportent les faits de tortures subies par des milliers d'Algériens dans les prisons et centres de détention, durant la « guerre de libération » contre l'occupation française, mais a déclaré que le processus de récupération de ces documents peut prendre un certain temps.
LES ARCHIVES SUR LES ‘’ATROCITES’’ COMMISES SOUS L’OCCUPATION FRANÇAISE : L’Algérie cherche à recouvrer 50 millions de documents
Ce responsable a ajouté, lors de la célébration du 150e anniversaire de la fondation du Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la direction des Archives Nationales travaille avec le Comité sur la documentation et la numérotation de ce qu'il a décrit comme «l’important trésor de documents, ceux qui sont pris en image, et ceux écrits." Il a dit que ces documents seraient de «donner un nouvel éclairage sur la recherche historique en Algérie, en particulier en ce qui concerne la douleur du peuple algérien, pendant l'occupation française," il a souligné qu'ils "vont révéler ce qu’a souffert le peuple algérien durant la période de la lutte armée, et les répercussions du système colonial sur la vie quotidienne des algériens ". Abdelmadjid Chikhi, a précisé qu’il sera passé un accord entre la direction générale des Archives nationales et le Comité international de la Croix-Rouge, de sorte qu'il fournit tous ces documents et de les soumettre à l'Algérie, afin de les mettre à la disposition des chercheurs et des historiens afin de les examiner.
Touffik
Wagner - 15:32 - rubrique r/ Lu dans la presse, du net surtout. - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3610 fois
Benjamin Stora, Maurice Audin et la presse algérienne
"oui, t'as raison Benjamin, mais ne t'arrête pas en si bon chemin"!
permets moi cette familiarité car tu es un peu comme un grand frère ayant grandi pas très loin de ma Bône natale, parce que frère d'exil aussi parce que que lecteur de nombre de tes ouvrages sur notre terre de naissance, de racines. Je me sens proche de toi bien que tu ne me connaisses pas...
Cela dit, je trouve que tu as parfaitement raison d'interpeller les Autorités françaises sur le devoir de vérité qu'elles ont quant aux révélations sur l'ignoble assassinat de Maurice Audin, pour ne citer que lui mais sans oublier toutes les autres victimes innocentes.
Maintenant, toi qui as tes entrées au bled et l'oreille (ainsi que le micro) attentive de la presse algérienne, peux-tu stp en toute équité et dans l'esprit de justice t'honorant et t'animant, leur demander de faire de même de leur côté, c'est à dire interpeller les Autorités algériennes pour faire toute la vérité, dans une démarche de réconciliation sincère et réciproque, sur l'assassinat des 700 victimes innocentes du 05 juillet 1962, sous leur autorité puisque l'Algérie est alors indépendante, à Oran? Cela dit sans oublier aucune des autres victimes civiles des années antérieures du fait de ce que l'on nommera pour faire court sans plaire à toutes les parties (mais bon, c'est le langage retenu..) "la lutte pour l'indépendance".
Par avance merci à toi au nom de ces victimes et de leurs familles toujours dans l'attente de savoir, d'apaisement, enfin, pour ce qui tu pourras faire en leur mémoire.
Je ne doutes pas que tu vas t'y employer.
Sincères salutations
ERic Wagner
Wagner - 09:48 - rubrique p/ cette histoire qui nous concerne. - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3344 fois
Algérie Presse Service, Maurice Audin et Benjamin Stora
"t'as raison Benjamin!"
(APS) mercredi 22 janvier 2014
La France doit apporter une "réponse politique" à l’assassinat de Maurice Audin
ALGER - Les autorités françaises doivent apporter une "réponse politique" à l’assassinat en juin 1957 du militant anticolonialiste Maurice Audin à la lumière des "nouveaux" éléments révélés par le livre "La vérité sur la mort de Maurice Audin", a estimé mardi à Alger l’historien français Benjamin Stora.
Lors d’une rencontre tenue au siège du quotidien "Liberté", Benjamin Stora a estimé que l’ouvrage du journaliste français Jean-Charles Deniau, paru en France au mois de janvier, comportait des témoignages qui constituent des "éléments sur faits troublants et graves" et qui doivent pousser les autorités politiques françaises à "rétablir la vérité" sur la mort de Maurice Audin.
Pour l’historien et spécialiste de l’histoire de l’Algérie, la version sur la mort d’Audin avancée dans de ce livre est d’autant plus importante que les archives sur les crimes d’Etat "ne révèlent aucun secret", en l’absence d’ordres écrits sur les assassinats ou les massacres.
"Si vous avez le nom des assassins, la façon dont il (Maurice Audin) a été assassiné, le lieu où il a été enterré et l’ordonnateur de son exécution, cela fait quand même beaucoup de choses nouvelles (...) les autorités françaises ne peuvent plus se contenter de dire +on ne sait pas+, il faut faire la vérité, mais vérifier ces éléments et situer les responsabilités de chacun", a-t-il soutenu.
Paru aux éditions Equateurs, "La vérité sur la mort de Maurice Audin" s’appuie sur le témoignage d’Aussaresses (décédé fin 2013) qui avoue avoir donné l’ordre de tuer le jeune mathématicien sur ordre de son supérieur, le général Massu.
Dans ce témoignage, le tortionnaire français dévoile également le lieu où Audin a été enterré dans une fosse commune entre Koléa et Zéralda, dans la banlieue ouest d’Alger.
Selon Benjamin Stora, ce livre donne également le nom de l’exécutant qui a poignardé le militant communiste, une personne qui, dit-il, "vit aujourd’hui en France".
D’après la version officielle française, Maurice Audin a disparu le 10 juin 1957 après s’être évadé du lieux où il était détenu.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, avait déclaré après la parution du livre que le gouvernement français "fera tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l’établissement de la vérité", sur la mort de Maurice Audin, selon des propos rapportés par le site français d’information "Mediapart".
Abordant plus généralement la question de la reconnaissance par la France des crimes coloniaux, Benjamin Stora a estimé que cette dernière doit être établie à partir de "faits concrets", comme les massacres du 17 octobre 1961 ou l’utilisation par l’armée française du napalm durant la guerre d’indépendance, et non pas de "manière idéologique".
Outre ces questions, Benjamin Stora a également abordé lors de cette rencontre les relations entre la mémoire et l’écriture de l’histoire, analysées à la lumière de la multiplication des témoignages individuels d’acteurs de la guerre d’indépendance algérienne.
L’historien situe cette tendance à la fin des années 1980, une décennie qui a, rappelle-t-il, connu la "chute" des idéologies, faisant évoluer la manière d’appréhender le fait historique et celle d’écrire l’histoire.
Pour M. Stora, cette "profusion" de témoignages, mais aussi de documents sonores et visuels sur cette période grâce à l’Internet, constitue aujourd’hui un "défi" pour les historiens qui doivent, dit-il, prendre une "distance critique" par le nécessaire travail de "recoupement" avec des sources plus classiques que sont les archives.
http://www.aps.dz/Les-autorites-francaises-doivent.html
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Samedi 21 Décembre 2013
2013, année du centenaire de la naissance d'Albert Camus
Le 14 janvier, Sénat, Paris (inscriptions avant le 9 janvier 2014)
C O N F E R E N C E - E X P O S I T I O N
Mardi 14 janvier 2014 à 16 heures
organisée par l' Assemblée des Citoyens du Monde
INFOS sur le site des Citoyens du monde : http://www.ascdm.org/ascop/pr28-fr.htm
Note sur Trames nomades : http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2013/12/21/hommage-a-albert-camus-pionnier-de-la-democratie-mondiale-5252179.html
………………………
Et, pour info supplémentaire…
Catégorie « Albert Camus », notes récentes :
« Quand j’ai lu Albert Camus », Abd Al Malik (compte-rendu du spectacle du 16 à Paris) : http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2013/12/17/quand-j-ai-lu-albert-camus-abd-al-malik-5249535.html
« L’homme révolté », d’Albert Camus. La presse paresseuse, et ce que l’auteur dit vraiment : http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2013/12/03/l-homme-revolte-d-albert-camus-la-presse-paresseuse-et-ce-qu-5237506.html
Nelson Mandela, plusieurs notes (catégorie dédiée)
Ostracisme. Dernière note (courrier à Libération) : http://tramesnomades.hautetfort.com/archive/2013/12/01/courrier-envoye-a-liberation-au-sujet-d-un-entretien-dont-je-5235789.html
(Autres sujets, cf. art : à suivre…)
Wagner - 05:57 - rubrique d/ Nos écrivains célèbres. - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3310 fois
Mercredi 11 Décembre 2013
Boualem Sansal honoré. Prix Jean Zay pour son roman "gouverner au nom d'Allah"
Sur www.huffingtonpost.fr du 10/12/2013
Wagner - 05:49 - rubrique d/ Nos écrivains célèbres. - - Permalien - 0 commentaires - Lu 3573 fois